Ce matin, Daniel Bizeray, directeur du Festival d'Ambronay, et Pierre Bornachot, directeur adjoint et délégué artistique, avaient convié la presse à une conférence en ligne afin de présenter l’édition 2020 du festival, placé sous le thème des « explorations » – en attendant la présentation du soir en Facebook Live. Les deux hommes ont naturellement rappelé le caractère exceptionnel de l’actualité qui a poussé le festival d’Ambronay à se réinventer le temps d'une édition hors cadre, resserrée sur trois week-ends et deux semaines du 18 septembre au 4 octobre. Il invite donc « son public à explorer de nouveaux horizons dans une programmation remaniée et recentrée sur les missions privilégiées d'un Centre culturel de rencontre : l'expérimentation, la rencontre et la mise en valeur du patrimoine », et « replace au cœur de l'expérience festivalière la rencontre entre un monument historique, un territoire, des artistes et les publics ».
Les mesures sanitaires ont obligé à remanier la programmation du festival, notamment en tenant compte d'une jauge restreinte tant pour le public que pour les artistes, mais aussi à reporter le festival Eemerging au printemps suivant : non seulement la salle est trop petite, mais certains artistes viennent de loin, parfois hors de l’Europe. Le programme concocté n’en demeure pas moins intéressant, et l’ensemble des artistes étaient initialement prévus pour cette année. Une indemnisation est par ailleurs proposée à l’ensemble des personnes touchées par ce remaniement, et plusieurs dates ont été reportées à l’années prochaine.
Cette édition propose ainsi une exploration entre musique et patrimoine en s’appuyant sur sa très belle abbaye. L’exploration se voudra sensorielle, mais passant aussi par des visites-concerts, à travers deux journées de parcours pensées pour les Journées Européennes du Patrimoine. De nouvelles formes de rencontres seront également au rendez-vous, avec non seulement des conférences, mais aussi des concerts interactifs ou participatifs ou de nouvelles formes de contacts entre les artistes et le public.
Suivant son thème des « explorations », le festival s’oriente vers de nouveaux horizons et de nouveaux espaces, comme la salle polyvalente (le chapiteau n’étant pas une option envisageable). Il se déplacera vers les habitants du village et à la rencontre de son territoire avec des concerts décentralisés, des surprises apparemment nombreuses et de l’improvisation, notamment grâce à la Toute petite compagnie, une compagnie théâtrale qui animera par exemple les attentes avant-spectacles. Notons par ailleurs le projet « Orpheus mix » qui revisitera les standards du baroque à la sauce électro dans l’optique d’amener le jeune public à la découverte de ce genre musical, avec le contre-ténor Yann Rolland.
Les festivités débuteront ainsi le 18 septembre par un concert « Vivaldi con fuoco » porté par Léa Desandre et l’Ensemble Jupiter – qui viendra à Ambronay pour la première fois – dirigé et accompagné par Thomas Dunford, avant que ne débute un weekend de visites, de parcours, de conférences et de musiques du monde.
Le vendredi suivant, ce sera au tour de Mariana Flores d’entrer en piste dans un programme « à la carte », où le public sera aux commandes de la soirée et pourra choisir les airs chantés dans une liste concoctée par Leonardo García Alarcón. Le samedi sera chargé, entre concert de l’ensemble Sarbacane (issu d’Eemerging), le quatuor vocal A’dam a cappella allant du gospel à la chanson française, mais aussi les Leçons de Ténèbres de Couperin par Les Arts Florissants, William Christie, Gwendoline Blondeel et Rachel Redmond.
Le weekend d’après, Pierre Louis Rétat dirigera la chorale « Avis aux amateurs », reprenant le concept de l’an passé, tandis que Louis-Noël Bestion de Camboulas sera de son côté à la tête des Surprises pour les Méditations pour le Carême de Charpentier, avec Clément Debieuvre, Martin Candela et Jean-Christophe Lanièce. Le lendemain, nous serons conviés à un concert à la bougie avec Les Ombres et Eva Zaïcik pour « Une nuit au Louvre » qui promet un beau moment, suivi par un projet un peu particulier qui est celui d’un concert-étape retraçant la fabrique d’un opéra baroque. L’œuvre choisie est l’Actéon de Charpentier, avec Les Cris de Paris – qui auront proposé plus tôt une « surprise musicale » – et Benjamin Lazar pour la mise en espace. Ceux-ci proposeront de voir la fin du procédé avec un spectacle commenté permettant de découvrir l’envers du décors et le mécanisme menant au résultat d’une production.
Enfin, outre les divers autres rendez-vous, le festival se clôturera par un tournois musical porté par l’Ensemble les Timbres et le chœur « Avis aux amateurs » qui permettra d’aborder différents styles musicaux, et plus précisément les différents styles baroques européens.
L’accessibilité sera donc de mise, par le fond et surtout dans la forme des spectacles proposés, mais aussi grâce au déplacement du festival dans plusieurs lieux – y compris des écoles et des EHPAD – ou encore aux nouveaux moyens de médiations mis en place, avec des crieurs de programme, sans oublier une politique tarifaire originale qui permet au public de donner ce qu’il veut ou peut entre trois prix (10, 20 ou 40 euros pour l’Abbaye, et 5, 10 ou 20 euros pour la salle polyvalente avec un tarif unique de 5 euros pour les étudiants). La convivialité, qui fait aussi partie intégrante du festival, ne devrait pas être oubliée et c'est tant mieux.
Plus d’informations sur le site officiel du festival d’Ambronay.
30 juin 2020 | Imprimer
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