Christian Thielemann fait ses adieux à Dresde

Xl_christian-thielemann-dresde © Christian Thielemann / Staatskapelle de Dresde

Après douze ans à leur tête, le chef Christian Thielemann va quitter les musiciens de la Staatskapelle de Dresde pour assurer la direction du Staatsoper Unter den Linden de Berlin. Au terme d’un concert d’adieu d'anthologie, le maestro a été fait « chef d’orchestre honoraire » de la formation – un titre honorifique rare, accordé jusqu’ici uniquement à Herbert Blomstedt et Colin Davis.

Le 1er septembre prochain, Christian Thielemann prendra ses fonctions de nouveau directeur musical général du Staatsoper Unter den Linden de Berlin pour succéder à Daniel Barenboim. Avant que ce nouveau chapitre ne s’ouvre dans la carrière du chef d’orchestre allemand, il dirigeait néanmoins ce dimanche soir les musiciens de la Staatskapelle de Dresde pour la dernière fois après douze ans passés à leur tête, dans le cadre d'un concert d’adieu.

Pour l'occasion, Christian Thielemann avait opté pour une monumentale Huitième Symphonie de Gustav Mahler, cette Symphonie des Mille qui implique un dispositif pléthorique réunissant plus d’une centaine de musiciens (ceux de la Staatskapelle de Dresde complétés par le Gustav Mahler Jugendorchester), en plus de quelque 200 choristes sur scène (le Chœur des Bayerischen Rundfunks, complété du Sächsischer Staatsopernchor et du Kinderchor der Semperoper de Dresde) pour accompagner les huit solistes – les sopranos Camilla Nylund, Ricarda Merbeth et Regula Mühlemann, les mezzos Štěpánka Pučálková et Christa Mayer, le ténor David Butt Philip, le baryton Michael Volle et la basse Georg Zeppenfeld.

Christian Thielemann honoré

Et si la scène était bien occupée, la salle comble n’était manifestement pas en reste – notamment pour réserver une ovation debout aux artistes. Le public comptait de nombreuses personnalités, parmi lesquels Michael Kretschmer, Ministre-président de l'État libre de Saxe, présent pour rendre hommage au maestro sur la scène du Semperoper – évoquant « non pas un adieu, mais un au revoir et des remerciements », attendant avec impatience le retour du musicien à Dresde comme chef invité. En guise de remerciements, l’homme politique lui a ainsi offert une baguette de chef d’orchestre en Porcelaine de Meissen, cette « manufacture polonaise royale et princière de Saxe » – Christian Thielemann lui avait lui-même offert l’une de ses baguettes en bois au terme d’un concert et qui, dixit Michael Kretschmer, trône dorénavant sur son bureau.


© Matthias Creutziger

Pour l’occasion, les musiciens de la Staatskapelle ont également accordé à leur ancien directeur le titre de « chef d’orchestre honoraire ». Un honneur plutôt rare puisqu’à ce jour, seuls peuvent s’en prévaloir Herbert Blomstedt (chef principal de la Staatskapelle de 1975 à 1985) et Sir Colin Davis (qui a régulièrement dirigé la formation entre 1981 et 2012). Le directeur de l'orchestre Friedwart Christian Dittmann a par ailleurs remercié Christian Thielemann pour son « travail ayant contribué à façonner et faire progresser l’orchestre au cours des quatorze dernières années, dont douze comme chef ».

Préserver la culture et traiter l’orchestre comme il le mérite

De son côté, Christian Thielemann a rappelé son attachement à Dresde, évoquant un « lien quasi génétique » avec la capitale de Saxe – le chef a en effet découvert qu’il y a 200 ans, des Thielemann étaient déjà installés dans la région. Le chef indique surtout avoir été « émerveillé par le son incroyable de cet orchestre » dès sa première rencontre avec les musiciens de la Staatskapelle de Dresde, à l’égal du Philharmonique de Vienne.

Le chef a en outre exhorté les représentants politiques à préserver la culture : selon le maestro, « économiser sur la culture est la pire de choses à faire » et la Saxe se devrait de « traiter son orchestre comme il le mérite » – faisant manifestement écho aux différents projets de construction ou de rénovation de salles de spectacles annoncés en Allemagne, avant d’être revus à la baisse, voire gelés pour des raisons budgétaires (c’est le cas par exemple du Werksviertel de Munich ou plus récemment des rénovations du Komische Oper de Berlin). À ces mots, le chef était chaleureusement applaudi sur scène par le Ministre-président Michael Kretschmer.

publié le 9 juillet 2024 à 10h04 par Aurelien Pfeffer

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