Alain Perroux annonçait récemment quitter l’Opéra national du Rhin pour prendre la direction du Grand Théâtre de Genève. C’est finalement Chrysoline Dupont qui lui succédera à la tête de l’Opéra strasbourgeois.
Les directions de maison d’opéra sont parfois elles-mêmes le théâtre d’un véritable jeu de chaises musicales, quand elles ne sont pas dignes d’un soap opera (comme ce fut le cas en Italie ces derniers temps). Ainsi, lorsqu’une place se libère, il arrive que la personne nommée libère à son tour une place et ainsi de suite... La nomination d’Alain Perroux au Grand Théâtre de Genève annoncée en novembre dernier en est un exemple : en prenant la tête de l’institution genevoise, il libère son siège à la direction de l’Opéra national du Rhin.
Quid alors de la situation dans la maison française qui réunit trois grandes villes : Strasbourg, Mulhouse et Colmar ? Le départ d’Alain Perroux étant fixé au mois de juillet 2026, l’Opéra national du Rhin a donc déjà lancé et même clôturé sa recherche pour le remplacer, et c’est donc Chrysoline Dupont – actuellement Directrice du département artistique à l'Opéra-Comique – qui a été nommée à la tête de l’institution.
Une solide expérience dans le domaine lyrique
Une nomination qui s’est faite « à l’issue d’un rigoureux processus de sélection mené conjointement par les Villes de Strasbourg, Colmar, Mulhouse, le ministère de la Culture et la Région Grand Est » selon le communiqué, et qui « a fait l’objet d’un agrément de la ministre de la Culture ».
Si elle sera officiellement à la tête de l’Opéra national du Rhin à partir du 1er juillet 2026, elle assurera toutefois la préparation et la programmation de la saison 2026/27 (et des suivantes) dès septembre 2024, ce qui explique la hâte de la maison lyrique à trouver un successeur à Alain Perroux dès maintenant.
Chrysoline Dupont pourra compter sur une expérience solide : avant d’être aujourd’hui Directrice du département artistique à l'Opéra-Comique, elle fut chargée de production au Festival d’Aix-en-Provence dans l’équipe de Bernard Foccroulle, directrice de la programmation de l’Orchestre de chambre de Paris, ou encore chargée de mission auprès de Gérard Mortier à l’Opéra national de Paris.
Un défi de taille
Elle devra en outre se heurter à une difficulté de taille avec l’annonce d’importants travaux programmés à partir de 2027 et jusqu’en 2030 impliquant la fermeture de l’actuel bâtiment abritant l’opéra à Strasbourg et par conséquent plusieurs saisons hors-les-murs. Cette contrainte était justement l’un des axes de l’appel à candidature lancé par l’institution : « Programmés à partir de 2027, les travaux induiront plusieurs saisons hors-les-murs, qui permettront de déployer une programmation lyrique et chorégraphique inédite à l'échelle du territoire régional (...) Il est à noter que la saison 2026-2027 aura encore lieu dans les murs habituels du Théâtre municipal de Strasbourg, et que pour les saisons suivantes hors-les-murs, des préconisations seront apportées ».
Une avancée pour la parité à la tête des grandes institutions
Chrysoline Dupont deviendra ainsi la deuxième femme à accéder à la fonction de directrice générale dans l’histoire de l’Opéra national du Rhin (après Eva Kleinitz qui nous avait quittés prématurément en 2019). Avec la nomination d’Alexandra Lacroix à la tête d’Angers-Nantes Opéra en 2026, celle de Chrysoline Dupont permet d’avancer sur la question de parité parmi les dirigeants des grandes maisons lyriques en France, même si la route est encore longue. En effet, les grands Opéras français compteront donc bientôt six femmes... sur les 31 institutions appartenant à la Réunion des Opéras de France : Barbara Eckle à l'Opéra de Lille en 2025, Valérie Chevalier à Montpellier, Claire Roserot de Melin au Capitole de Toulouse et Eve Coquart à Clermont-Auvergne Opéra.
publié le 8 juillet 2024 à 13h38 par Elodie Martinez
08 juillet 2024 | Imprimer
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