Alain Perroux nommé à la tête du Grand Théâtre de Genève

Xl_alain-perroux_grand-theatre-de-geneve_c_caroleparodi © Carole Parodi

Depuis maintenant plusieurs mois, le Grand Théâtre de Genève recherchait le successeur d’Aviel Cahn, qui quittera la direction de la maison suisse en 2026 pour prendre la tête de la Deutsche Oper à Berlin. Le Conseil de Fondation du Grand Théâtre de Genève a finalement arrêté son choix et il s'est fixé sur le nom d’Alain Perroux – l’actuel directeur de l’Opéra national du Rhin depuis la disparition prématurée d’Eva Kleinitz en mai 2019.

L’arrivée d’Alain Perroux à Genève fait figure de retour aux sources puisque le prochain directeur du GTG est originaire de la ville suisse et y a fait ses premières armes dans le monde lyrique – d’abord comme critique musicale (notamment pour Le Temps), puis comme dramaturge déjà pour le Grand Théâtre de Genève de 2001 à 2009, tout en assurant la direction de l’Opéra de Poche de Genève de 2003 à 2011. Ce n’est qu’ensuite qu’Alain Perroux a rejoint la France, d’abord au Festival d’Aix-en-Provence, puis à la direction de l’Opéra national du Rhin en janvier 2020.

Alain Perroux à Genève, un choix astucieux

Si le Grand Théâtre de Genève n’est pas prolixe quant au projet ayant conduit à la nomination d’Alain Perroux (si ce n’est « sa connaissance de l’institution et son expérience acquise dans de grandes maisons d’opéra européennes »), son profil n’est peut-être pas anodin. On se souvient qu’en septembre dernier et alors que la maison suisse recherchait activement son prochain directeur, le ténor et chef genevois Emiliano Gonzalez Toro publiait une tribune dans les colonnes de Le Temps (ayant alors fait grand bruit), estimant que l’opéra devait « réapprendre le respect ». En d’autres termes, que les maisons d’opéra devaient s’appliquer à renouer avec le public en proposant des spectacles populaires, que le chef opposait à un Regietheater trop élitiste – ces productions davantage marquées par la vision de leur metteur en scène que le respect réel ou supposé de l’œuvre originale.

Les avis sont partagés et comme souvent, la nuance n’y a pas beaucoup de place, mais dans ce contexte, la nomination d’Alain Perroux à Genève apparait sans doute comme un choix judicieux : durant ses quelques années à la tête de l’Opéra national du Rhin, le directeur Alain Perroux a notamment invité les spectateurs du grand Est à (re)découvrir nombre d'œuvres rares et oubliées (on lui doit plusieurs créations françaises), parallèlement à des créations d’œuvres nouvelles, il a donné leur chance à de jeunes interprètes, ou encore a programmé des spectacles destinés au jeune public. En un mot comme en cent, Alain Perroux s'est attaché à faire oeuvre de pédagogie et à transmettre la passion de l’art lyrique – et souvent en conciliant succès critique et succès public. Une formule à même de remplir la salle genevoise, sans pour autant faire de compromis artistiques ? Peut-être. Rendez-vous quoi qu'il en soit en juillet 2026 pour juger sur pièce avec les premières saisons d'Alain Perroux à Genève. 

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