Le Festival d’Aix-en-Provence dévoile la programmation de son édition 2025, à la fois fidèle à sa tradition (avec Mozart ou des créations), mais aussi prompt à évoluer, voire à se réinventer.
« Constance et métamorphose », c’est ainsi que Pierre Audi définit la destinée du Festival d’Aix-en-Provence depuis sa création en 1948 et sa philosophie en matière de programmation. « Constance » parce que le festival reste fidèle à ses fondamentaux (Mozart, des créations ou les artistes habitués du lieu), et « métamorphose » parce que cette édition 2025 est « résolument placée sous le signe de la mutabilité inéluctable de toute chose comme de la perpétuelle réinvention de soi ».
En termes de programmation, le Festival 2025 promet ainsi cinq opéras mis en scène dont deux créations mondiales et autant en version de concert, auxquels s’ajoutent une dizaine de récitals et de concerts.
« Constance » du festival d’Aix-en-Provence
Au rang des constances incontournables d’Aix, Mozart, d’abord avec Don Giovanni. Mais dans une mise en scène inédite confiée à Robert Icke qui fera là ses débuts à l’opéra, et dirigée musicalement par Sir Simon Rattle, un habitué des lieux, mais ici à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise. Sur scène, une belle distribution défendra l’ouvrage : les Don Giovanni et Leporello d’Andrè Schuen et Krzysztof Bączyk aux côtés de Golda Schultz et Magdalena Kožená en Donna Anna et Donna Elvira.
Dans le cadre d’une forme de continuité, le Festival d’Aix-en-Provence 2025 prolonge son exploration du répertoire de Cavalli et annonce une nouvelle production de La Calisto – après les redécouvertes d’Elena en 2013 puis d’Erismena en 2017. À la mise en scène, la Néerlandaise Jetske Mijnssen s’attellera à « montrer les turpitudes d’une société égoïste et cruelle prise dans le nœud de dangereuses liaisons » alors que Sébastien Daucé révèlera « les trésors de cette musique à la tête de son Ensemble Correspondances ». Sur scène, le festival réunit des interprètes de la nouvelle génération à commencer par la déjà très prometteuse Lauranne Oliva.
L’opéra contemporain est aussi une tradition aixoise. En 2025, le festival donnera la création mondiale de The Nine Jewelled Deer (La Biche aux neuf bijoux), opéra de chambre pour deux solistes de la compositrice israélienne Sivan Eldar et de la chanteuse-improvisatrice d’origine indienne Ganavya Doraiswamy. Réunies par « un même souci d’ouverture à l’autre, de soin et d’écoute », elles proposent une œuvre aux inspirations diverses, entre contes indiens, littérature bouddhique et épisodes biographiques de la vie de la musicienne sud-indienne Seetha Doraiswamy. La création aixoise sera portée sur scène par le metteur en scène Peter Sellars, la plasticienne Julie Mehretu et l’écrivaine Lauren Groff.
Evolutions et métamorphoses
La deuxième « création » du festival 2025, The Story of Billy Budd, Sailor, reprend un concept manifestement de plus en plus en vogue : la recréation d’œuvres existantes. Le compositeur Oliver Leith et le metteur en scène Ted Huffman se saisissent du Billy Budd de Benjamin Britten pour en proposer une version « concentrée », « en réinterprétant sa matière narrative et sonore » pour « aller à l’essentiel » et interroger « sur ce qui fait l’humanité, cimente ou anéantit une collectivité ».
Le festival œuvre ensuite à sa propre métamorphose en étoffant son répertoire avec la programmation de la rare Louise de Charpentier, traitant de l’émancipation du rôle-titre. La production est confiée à Christof Loy, « grand connaisseur de l’œuvre » qui révélera « les zones d’ombre d’une société qui, loin d’affranchir ses filles, ne leur offre que des romances de pacotille pour sublimer un horizon borné de frustrations ». Le rôle-titre est offert à Elsa Dreisig qui poursuit ici « son exploration des rôles de toutes jeunes femmes entières et combatives », sous la direction musicale de Giacomo Sagripanti à la tête du Chœur et de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon.
Les Pêcheurs de perles et La Force du destin en version de concert
En 2025, on commémorera aussi les 150 ans de la disparition de Georges Bizet et le Festival d’Aix-en-Provence lui rendra hommage avec une version de concert des Pêcheurs de perles (pour la première fois à Aix). Sous la direction musicale de Marc Minkowski à la tête des Musiciens du Louvre, Mané Galoyan et Pene Pati se confronteront tous les deux à des prises de rôle, respectivement en Leïla et Nadir – rôle aussi incontournable que redoutable pour un ténor féru d’opéra français. Et pour faire bonne mesure, ils seront accompagnés par Florian Sempey (Zurga) et Edwin Crossley-Mercer (Nourabad).
On savait par ailleurs que le festival proposerait une soirée en coproduction avec les Chorégies d’Orange 2025. Aix donnera également la version de concert de La Force du destin dirigée par Daniele Rustioni et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, avec Anna Pirozzi et Brian Jagde en Donna Leonora et Don Alvaro.
Comme de coutume, le festival y ajoute plusieurs récitals et concerts, réunissant des solistes prestigieux : Jonas Kaufmann et Diana Damrau dans un florilège de lieder de Mahler et Strauss, Jakub Józef Orliński dans un répertoire d’airs baroques et de mélodies polonaises ou encore Stéphane Degout mais aussi Ermonela Jaho dans un programme inédit de mélodies françaises et italiennes.
Le Festival d'Aix-en-Provence 2025 se tiendra du 4 au 21 juillet. Le détail de la programmation est disponible sur aix-festival.com, les réservations sont disponible à partir du 30 janvier 2025p our les abonnements, puis du 6 février pour les places à l'unité.
publié le 6 décembre 2024 à 11h16 par Aurelien Pfeffer
06 décembre 2024 | Imprimer
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