Du 10 mai au 11 juin prochains, l’Opéra de Paris donnera Don Quichotte de Jules Massenet, ouvrage donné plutôt rarement et qui repose significativement sur son interprète principal. Ildebrando d’Arcangelo se retire de la production, il est remplacé par Gábor Bretz.
Don Quichotte n’est sans doute pas l’opéra le plus rare de Jules Massenet, mais l’ouvrage n’est pas non plus aussi fréquemment donné par les maisons d’opéra que peuvent l’être Werther, Manon ou même Thaïs. Après Cendrillon du même compositeur en 2022, l’Opéra de Paris a ainsi l’heureuse idée de programmer le dernier opéra de Massenet du 10 mai au 11 juin prochains à l'Opéra Bastille, dans une nouvelle production du metteur en scène Damiano Michieletto.
La maison parisienne annonce cependant un (nouveau) changement de distribution : Ildebrando d'Arcangelo devait interpréter le rôle de Don Quichotte du 1er au 11 juin, en alternance avec Christian Van Horn du 10 au 29 mai (l'un et l'autre en remplacement d'Ildar Abdrazakov, écarté de la distribution fin décembre dernier après avoir annoncé publiquement soutenir Vladimir Poutine à la présidence russe). Ildebrando d'Arcangelo annonce maintenant se retirer de la production. Il sera remplacé par le baryton-basse hongrois Gábor Bretz qui reprend le rôle-titre aux côtés notamment de la Dulcinée de Marianne Crebassa et du Sancho d’Etienne Dupuis.
Des interprètes emblématiques
Le changement de distribution n’est pas totalement anodin, tant l’œuvre de Massenet repose sur les qualités vocales de ses interprètes principaux – le Don Quichotte de Massenet doit notamment sa postérité au créateur du rôle-titre, l’immense basse Fiodor Chaliapine (qui créa le rôle en février 1910 à Monte-Carlo). Et si Massenet lui reprochait de prendre trop de liberté avec sa partition, Chaliapine reste indissociable du rôle qu’il reprit ensuite régulièrement à travers le monde, de Moscou à New York au Metropolitan Opera. Il eut plusieurs successeurs notables, parmi lesquels Boris Christoff en 1957, Nicolaï Ghiaurov en 1974 ou Ruggero Raimondi en 1986... mais aussi Gábor Bretz en 2019 au Festival de Bregenz, dans une production de Mariame Clément, rôle pour lequel il reçut le prix du théâtre de la critique musicale autrichienne en 2019. Dans nos colonnes, on saluait alors « son baryton-basse richement nuancé » au « timbre noble et chaleureux ».
Pour mémoire, le Don Quichotte de Jules Massenet n’affiche qu’un lien lointain avec celui de Cervantès. Le compositeur et son librettiste Henri Cain se sont davantage inspirés de la pièce du poète-cordonnier Jacques Le Lorrain, intitulée Le Chevalier de la Longue-Figure (1904). Il y retient une vision quasi christique du anti-héros de Cervantès, dont la mise en scène parisienne de Damiano Michieletto doit « révéler la poésie de Don Quichotte, mais aussi sa souffrance ». À découvrir du 10 mai au 11 juin prochains à l'Opéra Bastille, avec donc Gábor Bretz dans le rôle-titre, aux côtés de Marianne Crebassa, Etienne Dupuis, Emy Gazeilles ou encore Marine Chagnon.
11 février 2024 | Imprimer
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