Le contexte actuel de pandémie interroge forcément quant à l’avenir des maisons lyriques : on ignore si elles pourront donner leur prochaine saison normalement et comment elles pourront accueillir le public. Pour autant, ces mêmes maisons lyriques préparent cette saison 2020-21 parfois depuis quelques années et c’est à ce titre que Caroline Sonrier, directrice de l’Opéra de Lille, présente sa « saison rêvée » : la programmation qu’elle espère pouvoir présenter au public, mais dont les propositions artistiques et conditions de réservations pourraient devoir être « adaptées » au regard des contraintes sanitaires – et ces éventuelles alternatives seront présentées le 16 juin prochain, en même temps que l’ouverture de la billetterie.
D’ici là, les temps forts de la saison 20.21 de l’Opéra de Lille se dévoilent et font montre comme souvent de créativité et d’éclectisme – des œuvres de répertoire, d’autres plus récentes ou plus rares, ou encore des créations notamment à destination d’un public familial (la création artistique et l’ouverture à tous les publics s’imposent toujours parmi les priorités de l’établissement lillois).
La saison devrait ainsi débuter en octobre avec une nouvelle production d’Idoménée de Campra, emmenée par un couple dont la collaboration suscite d’ores et déjà une vraie curiosité : d’abord Emmanuelle Haïm au pupitre, qu’on sait particulièrement férue de musique baroque et ici à la tête du Concert d’Astrée en résidence à l’Opéra de Lille depuis la réouverture de l’établissement fin 2003 ; et ensuite Àlex Ollé avec La Fura dels Baus à la mise en scène, pour souligner toute la démesure du genre. Et la distribution n’est pas en reste : Tassis Christoyannis dans le rôle-titre, aux côtés notamment de Hélène Carpentier et Chiara Skerath pour interpréter respectivement Électre et Ilione, ou encore Eva Zaïcik en Vénus et Samuel Boden en Idamante.
On retient aussi en mars 2021 la nouvelle production de Pelléas et Mélisande de Debussy : le metteur en scène Daniel Jeanneteau entend y montrer une Mélisande forte et déterminée (qu’on imagine déjà parfaitement campée par Vannina Santoni face au Pelléas de Julien Behr), alors que la direction musicale sera confiée à François-Xavier Roth à la tête de son ensemble Les Siècles. Pour faire bonne mesure, Alexandre Duhamel (en Golaud), Marie-Ange Todorovitch (en Geneviève) et Jean Teitgen (en Arkel) complètent la distribution.
Et parce que l’Opéra de Lille ne rechigne pas non plus à donner quelques grands classiques, on y verra en mai la Tosca mise en scène par Robert Carsen (datant de 1991, qui transpose l’œuvre dans les années 30, façon film noir). Joyce El-Khoury doit y interpréter le rôle-titre manifestement pour la première fois, aux côtés du Cavaradossi de Jonathan Tetelman et du Scarpia de Gevorg Hakobyan. À noter que la production fera l’objet d’une retransmission en direct dans plus d’une vingtaine de communes de la région lilloise.
Pour s’adresser aux plus jeunes (l’un des autres piliers de l’Opéra de Lille), l’établissement proposera une nouvelle production de Bastien et Bastienne, de Mozart – qu’il aurait composé à l’âge de 12 ans. La production est confiée à la metteure en scène Sylvie Baillon, spécialiste du théâtre de marionnettes, et sera défendue sur scène par Marthe Davost et Maxime Melnik dans les rôles titres.
La création est aussi inscrite dans l’ADN de l’Opéra de Lille et cette prochaine saison n’y déroge pas : Au cœur de l’océan est le fruit de la collaboration de Halory Goerger (qui signe le livret et la mise en scène) et de Frédéric Blondy et Arthur Lavandier pour la mise en musique (le premier est féru de musiques expérimentales et d’improvisations, le second est un raconteur d’histoire musicale), et la production doit être porté par l’enthousiasmant Ensemble Le Balcon, que le public lillois à l’habitude d’entendre.
S’y ajoutent deux créations destinées à un public familial : d’abord Mawâl de la terre, signé Zied Zouari et Aida Niati qui piochent dans « les traditions musicales et poétiques du pourtour méditerranéen » pour mieux raconter le voyage et l’exile ; et ensuite I Silenti d’après Claudio Monteverdi dans une composition du musicien Fabrizio Cassol (qui entend « revenir à l’essence populaire originelle du madrigal, pour en retrouver le souffle premier ») et mis en scène par Lisaboa Houbrechts.
L’Opéra de Lille complète par ailleurs sa saison lyrique avec plusieurs récitals attractifs. On retient notamment le récital de Marianne Crebassa accompagnée par Fazil Say dans un programme de mélodies françaises de Debussy à Duparc. On note tout autant celui du ténor Julian Prégardien aux côtés du pianiste Éric Le Sage à l’occasion d’une soirée Schumann.
Si l’on ignore encore dans quelle mesure cette saison 20.21 pourra être effectivement donnée dans des conditions normales, le détail de ce programme « rêvé » est disponible sur le site de l'Opéra de Lille.
20 mai 2020 | Imprimer
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