Lundi, la France a été touchée par l'incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris. Face à cette impensable destruction, de nombreux dons ont déjà été promis par certaines grandes familles. Le Figaro annonce que « les familles Pinault, Arnault et Bettencourt ont débloqué à elles seules un demi-milliard d’euros » (voir source), mais aussi de nombreuses personnes ont déjà annoncé des dons, à la hauteur de leurs moyens, via des cagnottes qui se sont multipliées. Face à cet élan de générosité, l’Etat à mis en place une plateforme dédiée afin de réunir ces dons et d’éviter un trop grand éparpillement. Quant au groupe Groupama, troisième propriétaire privé de forêt en France, il se joint au syndicat filière bois (SFB) et offre 1300 chênes pour la reconstruction de la charpente (voir source).
Le monde de la musique a lui aussi réagi et de nombreuses personnalités, y compris du monde lyrique ou classique, se sont jointes à la tristesse commune dépassant les frontières, comme Anna Netrebko sur Facebook, ou Sonya Yoncheva qui partage sur Twitter et Facebook : « Huit siècles d’histoire sous les flammes impitoyables de notre temps inhumain... mon cœur pleure ». Les artistes français sont bien entendu touchés eux aussi, comme le violoniste Renaud Capuçon qui annonce via Facebook « une série de concerts dans des Cathédrales Française au profit de #NotreDame dans les semaines à venir », ou encore son frère violoncelliste, Gautier Capuçon, qui s’est rendu devant la cathédrale pour lui rendre hommage (une performance filmée et partagée sur les réseaux sociaux). Lucile Richardot, dont l’histoire est particulièrement liée à ce lieu – puisque, comme elle le rappelait lors de notre rencontre, elle a fait partie de la Maîtrise de Notre-Dame – partage également sa tristesse :
« Impressionnante vue du dedans, notre cathédrale coincée entre l'eau et le feu, entre l'inondation et l'incendie... La question de l'orgue, notamment de chœur, des stalles où j'ai posé mon aube pendant trois ans et plus, reste entière. Je pense à la magnifique clé de voûte bleu Notre-Dame, figurant la Vierge, qui a disparu dans l'effondrement de la voûte du transept sous le poids de la flèche...
Pensées vers tous les amis et collègues "Schtroumpfs", en cette impensable soirée qui a balayé 8 siècles de résistance aux outrages du temps et aux tourments de l'Histoire. » (voir sur Facebook)
Cette Maîtrise de Notre-Dame, dirigée par Henri Chalet, qui se retrouve par ailleurs privée de sa « maison », « un lieu de travail autant que de vie, chargé de 850 ans d'histoire et de musique » ainsi que le rappelle France Info. Malgré la tristesse et la douleur de cette perte qui les prive de leur lieu de concert et des quelques mille offices annuels durant lesquels une personne au moins de la maîtrise vient animer le chant (sans parler des week-ends), la Maîtrise a annoncé qu'elle allait poursuivre son activité dans d'autres églises. « Nous devons continuer de faire exister la Maîtrise en dehors de la Cathédrale » selon les termes d’un communiqué transmis à l’AFP, et les chœurs ont déjà annoncé qu’ils feront le maximum afin « d’animer les offices de la Semaine Sainte dans des paroisses telles que Saint-Sulpice ou Saint-Eustache ». Henri Chalet se veut donc optimiste malgré la tragédie : « Notre-Dame a survécu à la Révolution, aux guerres, il y a eu beaucoup de douleur. Mais il y a eu des moments de fête : le sacre de Napoléon, la Libération de Paris… Et encore plus d'histoires musicales : Notre-Dame a connu la naissance de la polyphonie, le début de l'écriture rythmique… Ce n'est pas possible que la musique s'arrête ! »
Et en effet, la musique ne s'arrête pas puisque hier, c’était au tour d’Universal Music France et de son label Decca Records d’annoncer leur association avec la Fondation du Patrimoine autour d'un projet : « un album dont tous les bénéfices seront reversés à la reconstruction de Notre-Dame de Paris (…) pour œuvrer à la reconstruction de cet édifice, véritable symbole culturel, historique et religieux du patrimoine mondial ». L’album, dont la sortie est prévue pour le 26 avril (et en précommande dès le 19 avril), réunira « les plus beaux airs de la musique sacrée enregistrés au sein et en l’honneur de Notre-Dame de Paris par les plus grands artistes », comme Cecilia Bartoli, (par exemple dans Beata viscera) Jessye Norman (dans l'Ave Maria de Gounod qui ouvrira probablement le disque), Roberto Alagna, ou encore les organistes Olivier Latry et Pierre Cochereau. Nous devrions donc entendre également, entre autre, la fameuse Fugue de Bach parmi d'autres oeuvres à l'orgue, ou bien les Stabat Mater de Pergolèse et Vivaldi (du moins des extraits). Un disque qui (pour avoir eu la chance d'accéder déjà à certains extraits), devrait selon nous être un très bel enregistrement, joignant l'utile (avec la récolte de dons pour le reconstruction) à l'agréable, voire au très agréable. Selon les mots d’Olivier Nusse, Président du directoire d’Universal Music France :
« Cette tragédie nous laisse sans voix. Tout comme des générations d’artistes, nous avons tous une histoire avec ce trésor de notre patrimoine qui a largement contribué au rayonnement de la musique sacrée.
Nous nous devions d’apporter notre contribution pour que cet édifice puisse de nouveau incarner la culture Française dans le monde. »
Un projet également salué par Stéphane Bern :
« Symbole de notre Histoire et trésor de l’humanité, la Cathédrale Notre-Dame de Paris est intimement liée à la musique sacrée: les plus grands organistes, les plus belles voix et les plus grands compositeurs ont eu de près ou de loin un lien avec ce joyau de notre patrimoine.
Tous ensemble nous devons nous mobiliser pour la rebâtir et tout effort de contribution à la reconstruction est le bienvenu ; ce projet est une pierre à l’édifice. »
Le journaliste présentera d’ailleurs samedi soir sur France 2 et TV5 Monde « Notre-Dame de Paris, le grand concert », aux côtés de nombreux artistes qui se mobiliseront pour un grand concert de solidarité mêlant variétés et musique classique.
Elodie Martinez
17 avril 2019 | Imprimer
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