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Le fantôme de la pandémie demeure présent dans les esprits, avec son cortège d’interrogations sur le retour du public dans les salles. L’augmentation des coûts est une difficulté supplémentaire, mais certaines maisons d’opéra tirent manifestement leur épingle du jeu : l’Opéra d’Amsterdam annonce avoir renoué avec ses niveaux de fréquentation d’avant la crise sanitaire.
Des cicatrices encore visibles
Si les salles de spectacles ont pu survivre durant la pandémie notamment grâce aux aides de l’État et à certains mécènes, tout en continuant d’offrir des productions via des captations, la saison passée et celle en cours ont toutefois pâti de la crise. Les aides instaurées pendant la crise sanitaire ont disparu, et les subventions habituelles ont fortement diminué, alors que les coûts de production et énergétiques augmentent du fait de l'inflation.
Les maisons lyriques ont dû faire des choix douloureux. Les programmations ont été retravaillées, parfois même pour la saison en cours : on se souvient notamment de l’ultime production de l’Opéra de Lyon en 2022-2023, On purge bébé !, qui a été déprogrammée afin de « de limiter (le) déficit (de l’établissement) pour 2023 et ainsi de préserver sa prochaine saison 2023-2024 ». La maison lyonnaise avait alors fermé ses portes plus tôt, tandis que l'Opéra de Rouen avait fermé les siennes un mois au printemps. Des exemples parmi tant d’autres. Quant aux programmations pour la saison 2023-2024, elles ont pratiquement toutes été retravaillées ou réduites, comme à Montpellier où le nombre des opéras mis en scène a été réduit à trois : La Vie parisienne, La Bohème et la création française de Negar, Eurydice à Téhéran.
Dans ce contexte, on assiste à un changement d'habitude des spectateurs (qui privilégient par exemple davantage les achats de dernières minutes) et les maisons d’opéra adaptent aussi leur programmation.
Le cas de l'Opéra d'Amsterdam
Certaines maisons d'opéra renouent néanmoins manifestement avec les niveaux de fréquentation enregistrés avant la pandémie. C'est le cas de l’Opéra-Ballet d'Amsterdam, qui annonce un taux d’occupation des sièges en 2023 revenu aux niveaux d’avant la pandémie. Dans son communiqué, la maison lyrique annonce avoir atteint 95 % de sièges occupés pour l’année 2023, soit une augmentation de plus de 5 % par rapport à 2019, et une augmentation de plus de 8 % par rapport à 2018. Par ailleurs, le nombre de nouveaux spectateurs est passé de 18 % à 25 % en 2023, alors que 16 % du public est âgé de 35 ans et moins, contre 10 % en 2019.
Le Directeur général de la maison Stijn Schoonderwoerd déclare à ce sujet : « Nous sommes ravis que notre public nous retrouve à nouveau nombreux. Pour tout le monde, il s’agissait d’attendre de voir à quelle vitesse le public reviendrait après des années de confinement pendant la pandémie de coronavirus. Ces chiffres démontrent l’immense attrait de nos formes d’art. Le fait que nous ayons retrouvé si rapidement les niveaux de 2019 témoigne d’une grande appréciation de l’opéra et du ballet ainsi que d’une bonne accessibilité à ces formes d’art. »
Quant aux productions les plus plébiscitées au cours de l’année 2023, il s’agit de La Flûte Enchantée, Lohengrin, Animal Farm, Innocence, Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny (Dutch National Opera) et Le Lac des cygnes, Dorian, Giselle, Raymonda et Four Temperaments (Dutch National Ballet), ainsi que la production conjointe de la Messa da Requiem.
Le public répond donc présent, bien qu’ayant changé ses habitudes face au coût de la vie qui augmente. Le désir de se rendre à l’opéra demeure vivace et les maisons savent s’adapter aux nouveaux besoins. Contrairement aux craintes qui ont pu être exprimées, il semble bien qu'au moins certaines maisons d'opéra aient de beaux jours devant elles malgré les contraintes budgétaires actuelles.
15 janvier 2024 | Imprimer
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