Aujourd’hui à 11h, le Théâtre des Champs-Elysées annonçait sa saison 2017-2018 dans ses murs mais également en direct sur le site de l'établissement et sa page Facebook, une saison que le président Raymond Soubie a qualifié « d’immuable et changeante » : immuable car elle poursuit ce qu’elle a fait depuis longtemps déjà et parce que le lieu lui-même est immuable, et changeante parce que le programme change, tout simplement. Il a également souligné et rappelé la double nature du Théâtre qui est à la fois une salle de concert ainsi qu’un opéra, ce qui est unique à Paris. Le directeur Michel Franck (qui occupe de poste pour la huitième saison) a ensuite pris la parole, soulignant de son côté la grande liberté qui lui est laissée pour choisir la programmation. Une belle manière d’ouvrir la conférence sur celle qui nous attend…
La saison 2017-2018 a de quoi ravir le public de cette salle mythique avec, entre autres, quatre opéras mis en scène, une vingtaine d’oratorios et opéras en version de concert, un petit peu moins de vingt récitals et un total de 202 levers de rideaux (soit légèrement plus que la saison actuelle). Le premier des opéras mis en scène, donné en fin d’année, sera Le Barbier de Séville confié au metteur en scène Laurent Pelly avec une double distribution. La première, avec des noms que l’on a déjà plus ou moins l’habitude de voir sur scène, comme Michele Angelini (Almaviva), Florian Sempey (en Figaro), Kate Lindsey (Rosina) ou encore Guillaume Andrieux (Fiorello), que l’on retrouvera également dans la deuxième distribution dans le rôle de Figaro aux côtés d’autres jeunes talents moins connus, comme Alix Le Saux. Une version réduite du Barbier de Séville sera également donnée en français pour les enfants, poursuivant ainsi la volonté de l'établissement d’ouvrir le spectacle au jeune public, afin de rajeunir et de renouveler son audience. En effet, comme le dit Michel Franck, « c’est formidable de pouvoir regarder dans le monde entier un spectacle en streaming, mais encore faut-il qu’il y ait un spectacle à filmer ».
Le second opéra mis en scène sera une belle surprise sollicitée par le public puisqu’il s’agit de la reprise de la production de 2013 de Dialogues des Carmélites dans la mise en scène d’Olivier Py, saluée dans le monde entier. Il aura fallu quatre ans au Théâtre des Champs-Elysées pour pouvoir remonter cette production car, si le succès de la mise en scène est indéniable, elle a également marqué les esprits grâce aux interprètes d’alors. C’est pourquoi le directeur de la maison a tenu à réunir le même plateau, à deux ou trois exceptions près : Stanislas de Barbeyrac sera le Chevalier de la Force et Anne Sofie von Otter, Madame de Croissy. Nous retrouverons donc Patricia Petibon en Blanche de la Force, Sophie Koch en Mère Marie de l’Incarnation, Véronique Gens en Madame Lidoine et Sabine Devieilhe dans le rôle de Sœur Constance de Saint Denis, rôle qu’elle avait tenu en 2013 en remplacement de Sandrine Piau mais aussi à l’Opéra de Lyon peu de temps avant dans la mise en scène de Christophe Honoré.
L’Opéra suivant ne comptera que quatre dates et en sera d’autant plus attendu puisqu’il s’agit d’Alcina de Haendel, mis en scène par Christof Loy, dirigé par Emmanuelle Haïm, en coproduction avec l’Opéra de Zürich. Si ces représentations sont réduites et particulièrement attendues, c’est notamment parce que Cecilia Bartoli tiendra le rôle-titre (et ne pouvait malheureusement pas se libérer pour davantage de dates), aux côtés de Philippe Jaroussky en Ruggiero et de Julie Fuchs en Morgana. Rendez-vous donc entre le 14 et le 20 mars prochains !
Enfin, le dernier opéra mis en scène sera Orfeo ed Euridice de Glück en coproduction avec le Château de Versailles et le Lyric Opera of Chicago dans une mise en scène de Robert Carsen (qui reviendra par ailleurs la saison suivante pour un autre Glück). Nous y retrouverons des noms habitués que nous avons d’ailleurs déjà cités, à savoir Philippe Jaroussky, Patricia Petibon et Emőke Baráth en Amore.
Parallèlement à ces quatre opéras mis en scène, une vingtaine d'autres sera donnée en version de concert parmi lesquels de beaux rendez-vous, tels que la Cenerentola avec Karine Deshayes et Cyrille Dubois ; L’Italienne à Alger dans le cadre du festival de Pesaro, dirigé par Michele Mariotti avec Marianna Pizzolato en Isabella ; Samson et Dalila, avec Roberto Alagna et Marie-Nicole Lemieux (il s’agit de sa première Dalila en version française après sa formidable prise de rôle en Carmen cette saison) ; Rinaldo, dirigé par Christophe Rousset avec Sandrine Piau et Eve-Maud Hubeaux ; Faust de Gounod avec Jean-François Borras, Véronique Gens, Jean-Sébastien Bou et Guillaume Andrieux ; ou encore Pelléas et Mélisande qui verra Sabine Devieilhe reprendre le rôle dans lequel elle avait triomphé à Tourcoing en 2015. Elle retrouvera d’ailleurs le même Pelléas, Guillaume Andrieux, ainsi que Sylvie Brunet-Grupposo désormais accoutumée au rôle de Geneviève dans lequel elle excelle. La longue liste se poursuit avec la traditionnelle coproduction lyonnaise, Attila, mais aussi Madame Butterfly avec Ermonela Jaho, Bryan Hymel et Marie-Nicole Lemieux ; Macbeth, La Clemenza di Tito, dirigée par Teodor Currentzis, Giulio Cesare in Egitto, avec Lawrence Zazzo et Emőke Baráth dans les rôles du couple mythique de César et Cléopâtre. Enfin, Lucia di Lammermoor ouvrira la saison en hommage à la mémoire de Maria Callas, et plus particulièrement aux commémorations des 40 ans de sa mort. Jessica Pratt tiendra le rôle de Lucia tandis que Valentine Lemercier, talentueuse mezzo-soprano française, sera Alisa.
Comme si cet impressionant panel de noms ne suffisait pas, le Théâtre des Champs-Elysées ne délaisse pas la partie récital de sa programmation. On y retrouve de nombreux habitués des lieux, comme Philippe Jaroussky (décidément très présent), Max Emanuel Cenčić, Juan Diego Florez, Rolando Villazón et Ildar Abdrazakov qui donneront un récital commun, Franco Fagioli, ou encore Emmanuelle Haïm entourée de divers artistes pour un gala Mozart. D’autres noms se font plus rares et seront certainement de véritables événements : Renée Fleming reviendra après une longue absence sur cette scène, de même que Pretty Yende (lire notre portrait) ou encore Sonya Yoncheva qui chantera aux côtés de son jeune frère ténor, Marin Yonchev. Enfin, le récital que donneront Sabine Devieilhe et Marianne Crebassa autour de cantates italiennes avec Emmanuelle Haïm et son Concert d’Astrée a de quoi ravir tout un chacun.
Une saison 2017-2018 fort chargée, donc, immuable dans sa qualité et dans les artistes fidèles qui reviennent d’année en année, changeante dans son évolution qui poursuit son ouverture au jeune public avec des opéras accessibles aux plus jeunes et de nombreux rendez-vous le dimanche matin pour toute la famille. Un véritable plaisir qui devrait poser un seul véritable problème : la difficulté à faire un choix dans une telle programmation !
L’intégralité de la programmation est en ligne sur le site officiel du Théâtre des Champs-Elysées où la billetterie est également ouverte.
25 mars 2017 | Imprimer
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