Les Chorégies d’Orange se classent incontestablement parmi les festivals lyriques les plus populaires, au sens où l’événement attire chaque année, dans son théâtre antique de 8300 places ou grâce à ses retransmissions télévisées et radiophoniques, un public qui ne fréquente pas toujours les autres maisons d’opéra le reste de l’année.
Et malgré l’engouement populaire que suscite la manifestation, on sait la santé financière de l’événement très précaire depuis déjà plusieurs saisons – que complique plus encore une situation politique régionale complexe. Selon Jean-Louis Grinda, directeur des Chorégies d'Orange depuis l’année dernière, l’événement est ainsi « sous-capitalisé » et doit combler un déficit de 1,5 millions d’euros. Dans les colonnes des Echos, le nouveau directeur indiquait récemment espérer y parvenir grâce à un emprunt, mais refusé par les banques malgré « des garanties à 80% par l'Etat, la Région, le Département, la Ville et l'Ifcic (la banque de la culture) », au point que les Chorégies étaient menacées de fermeture à la veille des 150 ans d’existence de la manifestation (l’anniversaire serait fêté en 2019).
À l’occasion d’une conférence de presse organisée cette après-midi, Jean-Louis Grinda apporte néanmoins des nouvelles rassurantes. Au regard de la renommée de l’événement (mais aussi des retombées financières, plus de huit millions d'euros, qu’il engendre localement), la disparition des Chorégies était manifestement inconcevable. En conséquence, la Région PACA et l’Etat se sont engagés à permettre « des facilités » aux Chorégies (notamment « l'échelonnement de paiements et de charges sociales qui repoussent les échéances les plus urgentes »), permettant au festival « de passer les prochains mois », en attendant le lancement d’un audit en septembre, visant à assainir durablement la gestion et la situation financière de la manifestation.
De quoi, donc, octroyer une respiration aux Chorégies d’Orange et à son directeur qui en profitait derechef pour annoncer ce qui devrait être le programme de l’édition 2018 de son festival. L'année prochaine, on devrait donc pouvoir entendre d'abord Mefistofele (les 5 et 9 juillet) dans une mise en scène de Jean-Louis Grinda lui-même, dirigé par la cheffe Nathalie Stutzmann, dans une distribution regroupant Erwin Schrott, Jean-François Borras, Béatrice Uria Monzon ou encore Carmen Giannastasio et ensuite le Barbier de Séville (les 31 juillet et 4 août), dans la mise en scène d’Adriano Sinivia (manifestement celle déjà programmée à l’Opéra de Monte Carlo en mars dernier), avec sur scène Florian Sempey, Michael Spyres, Olga Peretyatko ou encore Bruno De Simone.
Reste à déterminer si ces œuvres, sans doute un peu moins populaires que celles traditionnellement programmées aux Chorégies mais qui ont le mérite de renouveler un programme qui s’appuyait beaucoup sur toujours les mêmes tubes de l’art lyrique, attireront un public nombreux – des soirs de semaine pour éviter toute concurrence... avec les matchs de la Coupe du monde de football 2018 qui se tiendra au même moment.
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