En fin de matinée s’est tenue aujourd’hui la présentation de la prochaine saison du Liceu de Barcelone, placée sous le signe de « l’Obsession », en présence de Salvador Alemany (directeur de la fondation), Victor Garcia de Gomar (directeur artistique), Alex Ollé (artiste en résidence), Josep Pons (directeur musical) et Valenti Oviedo (directeur général). Une présentation, en espagnol, encore disponible sur le site de l’Opéra.
On en retient que la saison débutera les 1er et 4 octobre avec Le Trouvère donné en version de concert – un format qui devrait être prisé pour ce début de saison toujours incertain sur un plan sanitaire dans la plupart des maisons lyriques. Le couple Anna Netrebko / Yusif Eyvazov interprétera Leonora et Manrico face au Conte di Luna de Ludovic Tézier. Une entrée en matière qui « en impose », comme on dit.
La première production scénique sera proposée en octobre-novembre, avec le Don Giovanni signé par Christof Loy et venu de Francfort. Sous la baguette de Josep Pons, Christopher Maltman tiendra le rôle-titre – dans lequel nous l’avons notamment entendu en 2015 à Londres – aux côtés de Luca Pisaroni, « l'un des Leperello les plus convaincants du moment » ainsi que nous le disions il y a quelques années à Salzbourg, tandis que Véronique Gens sera Elvira. Novembre verra également un projet un peu particulier : celui d’un opéra de poche, Sis solos soles. Commandé à six équipes différentes de librettistes-compositeurs, il réunit six monodrames pour voix féminine et instrumentiste en une seule performance. En une même soirée, le public entendra donc une jeune femme qui entre dans une baignoire et s'enfonce lentement dans l'eau pour ce qui pourrait être son dernier bain ; une chanteuse mature, avide de beauté, ne trouvant le bonheur que dans le contenu d'un misérable réfrigérateur ; une vieille femme qui lutte contre l'inévitable en refusant d'être emmenée dans un foyer ; une fille qui attend anxieusement un appel téléphonique refusant de quitter la maison de peur de se retrouver sans couverture réseau ; une jeune Danae, avec un couteau caché dans ses vêtements, qui retourne au sous-sol où son père l'a maltraitée ; et enfin une adolescente YouTubeuse disant à ses disciples que c'est son dernier message avant la fin du monde.
Toujours le même mois, Marc Minkowski dirigera une version concertante de Mitridate, avec Pene Pati dans le rôle-titre. Julie Fuchs et Elsa Dreisig tiendront les rôles d’Aspasia et de Sifare, tandis que Jakub Józef Orliński sera Farnace. La fin d’année accueillera une œuvre qui ne surprend pas en cette période, La Traviata, de retour dans la production de David McVicar avec notamment Speranza Scappucci à la direction musicale. Kristina Mkhitaryan et Rosa Feola se partageront le rôle de Violetta Valéry, Pavol Breslik et Dmitry Korchak celui d’Alfredo, et George Petean et Giovanni Meoni celui de Giorgio Germont. Les familles seront les bienvenues avec La Petite Flûte magique, une adaptation de La Flûte enchantée dans laquelle Papageno raconte les formidables aventures vécues avec son ami le Prince Tamino, ainsi que Le conte de Nadal.
Suivront Les Contes d’Hoffmann dans la production imaginée par Laurent Pelly en coproduction avec l’Opéra National de Lyon et le San Francisco Opera. Le poète mélancolique sera interprété tour à tour par John Osborn et Arturo Chacón-Cruz. Adriana González et Ermonela Jaho seront respectivement Stella et Antonia, tandis qu’Olga Pudova et Rocío Pérez seront Olympia, Ginger Costa Jackson et Nino Sugurladze seront Giulietta, et enfin la Muse se verra partagée entre Stéphanie d’Oustrac – qui avait brillé dans ce rôle à Paris en 2016 – et Marina Viotti. Enfin, les quatre rôles plus sombres seront attitrés à Aleksander Vinogradov et Roberto Tagliavini.
C’est par une autre version de concert que l’opéra français se poursuit : la Platée de Rameau, joyau pétillant et divertissant, sera servi par l’un des grands noms du baroque, William Christie. La distribution permettra d’entendre Marcel Beekman dans le rôle-titre, aux côtés d’Emmanuelle de Negri, Jeanine De Bique, ou Marc Mauillon.
Changement radical d’atmosphère avec la production suivante, puisqu’après avoir été créées à Londres en 2018, puis avoir fait halte à Lyon l’année suivante, les Lessons in Love and Violence de George Benjamin s’arrêteront au Liceu avec le même trio royal qu’à Lyon : l’imposant Roi de Stéphane Degout, sa formidable épouse de Georgia Jarman, et le jeune Roi de Samuel Boden. Quant à Gaveston, il sera interprété par Daniel Okulitch. Toutefois, après cette immersion dans le monde de l’opéra contemporain, nous retournerons aux classique avec l’Otello mis en scène par Keith Warner, donné notamment à Londres en 2017, alors avec Jonas Kaufmann pour sa prise de rôle. Ici, Gregory Kunde et Jorge de León se partageront le rôle-titre face aux deux Iago de Carlos Álvarez et Željko Lucic, ainsi qu’aux deux Desdemona de Krassimira Stoyanova et Eleonora Buratto.
Wagner s’invitera ensuite dans la programmation avec le Tannhäuser imaginé par Robert Carsen, réunissant notamment Stefan Vinke, Franz-Josef Selig et Michelle DeYoung, avant que l’opéra italien ne revienne en force avec La Bohème. Àlex Ollé reprendra les rênes de cette production qu’il a déjà donnée à Turin en 2016, avec Giampaolo Bisanti dans la fosse. Nous aurons le plaisir de retrouver Anita Hartig – dernièrement exceptionnelle Violetta à Toulouse – dans le rôle de Mimi qu’elle partagera avec Maria Teresa Leva (que nous avons déjà vue dans ce rôle à Avignon) et Adriana González. Atalla Ayan et Giorgio Berrugi seront Rodolfo, et Roberto de Candia et Damián del Castillo, Marcello.
La saison se clôturera en juillet avec Lucia di Lammermoor imaginée par Barbara Wysocka pour Munich en 2015, avec une distribution unique qui réunira Nadine Sierra et Javier Camarena dans les rôles de Lucia et d’Edgardo. Parallèlement, fin juillet, My Fair Lady sera proposée pour la première fois au Liceu, en version de concert.
Outre les spectacles déjà cités, le Liceu prévoit de nombreux rendez-vous pour toute la famille : Les Musiciens de Brême avec des marionnettes, l’expérience sensorielle Miralls (Miroirs), Le Monstre du Labyrinthe, donné à Aix-en-Provence en 2015, ou encore La Barcarola pour une expérience musicale et visuelle immersive. Enfin, quelques concerts et récitals ponctueront également la saison, comme celui avec la soprano Elionor Martínez dans un dialogue entre Mendelssohn et Bach, ou bien encore le 30 octobre avec Juan Diego Flórez, ou encore le 23 décembre avec Sondra Radvanovsky.
Au final, c’est donc une saison qui s’annonce riche et multiple, marquée par de nombreuses reprises et coproductions, avec un répertoire italien certes très présent mais côtoyant d’autres registres étrangers ou même contemporain.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site officiel du Liceu de Barcelone.
17 juin 2020 | Imprimer
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