© Opéra national de Paris
On se souvient que la création d’une troupe à l’Opéra de Paris était un projet que son directeur Alexander Neef entendait mener à bien. Si le modèle de troupe n’a rien de nouveau et est déjà en place dans de nombreuses maisons – on pense par exemple, dans une certaine mesure, la Troupe Favart de l’Opéra-Comique en France – il demeure un événement pour la maison parisienne qui n’en possède plus depuis une trentaine d’années. Les premières auditions ont conduit à la nomination de sept interprètes pour cette première promotion (sur 578 candidatures de 24 nationalités différentes), qui seront rejoints par ceux d'une deuxième promotion qui se produiront lors de la saison 2024/2025, puis d'une troisième pour la saison 2025/2026 (sélectionnés sur auditions qui se tiendront en mars 2024). Au total, la troupe de l'Opéra de Paris comptera une quinzaine d'artistes en résidence.
Profils retenus
Au regard des candidats retenus, la troupe de l’Opéra de Paris s'inscrit manifestement dans le prolongement de l’Académie de la maison parisienne : il s’agit avant tout de jeunes interprètes qui seront « soutenus et accompagnés en début de carrière » et profiteront d’une « garantie de stabilité, de développement artistique et de notoriété » en faisant leurs armes sur les scènes du Palais Garnier et de Bastille, aux côtés d’artistes plus confirmés – plusieurs jeunes membres de troupes (comme celle de Zurich, par exemple) saluent la solide dimension formatrice de leur passage dans une troupe, notamment grâce aux opportunités d’échanges avec des collègues plus expérimentés.
Ainsi, cette année, l’Opéra a retenu plusieurs anciens membres de son Académie, dont la New-yorkaise Ilanah Lobel-Torres et Marine Chagnon que nous avions entendues en 2021, Maciej Kwasnikowski entendu à plusieurs reprises comme en janvier 2019 en Ferrando, ou encore Alejandro Balinas Vieites entendu notamment en Seneca en 2022. Si Florent Mbia n’est pour sa part pas issu de l’Académie, il est toutefois membre du chœur de l’Opéra de Paris et connaît donc bien la maison. Enfin viennent s’ajouter la prometteuse Emy Gazeilles et Nicholas Jones dont la carrière se situait pour le moment en Australie.
Et d’ores et déjà, les membres de la troupe sont annoncés dans plusieurs des productions de l’Opéra de Paris au cours de la saison. On retrouve par exemple actuellement Marine Chagnon en Zerlina dans Don Giovanni ; puis au cours des prochaines semaines, on pourra entendre Ilanah Lobel-Torres et Nicholas Jones dans L'Affaire Makropoulos en Krista et Vitek, ou Emy Gazeilles et Marine Chagnon dans Cendrillon dans les rôles de Noémie et Dorothée, ou encore Florent Mbia, Maciej Kwasnikowski et Alejandro Baliñas Vieites dans Turandot dans les rôles de Ping, Pang et Pong, entre autres.
Conditions des artistes
La création de cette troupe a dû trouver une solution juridique pour pouvoir exister sans que cela ne soit trop contraignant ni pour l’Opéra – notamment dans le contexte économique tendu que nous connaissons –, ni pour les artistes engagés. Finalement, c’est la forme d’un CDD leur offrant « une rémunération mensualisée (…) dont le montant sera établi en tenant compte du parcours de chaque artiste ». Les dates de contrats retenus pour la saison 2024/2025 (et donc les futurs membres qui ont passé les auditions en mars) sont du 16 août 2024 au 13 juillet 2025 inclus. Elles reflètent normalement les périodes d’engagement déjà demandées aux membres actuels. Ces dates permettent à la maison de ne pas verser de salaire durant sa fermeture estivale, mais aussi aux chanteurs d’être libres d’office une partie de l’été pour s’engager lors de festivals. En effet, il leur est demandé d’être « totalement disponibles vis-à-vis de l’Opéra pendant toute la durée de leur contrat, sauf si une autorisation d’absence écrite leur a été accordée ». Ils doivent participer « aux productions de l’Opéra national de Paris (seconds et premiers rôles, doublures) et aux activités de concert ou de tournées. Un accompagnement artistique de leur activité leur sera proposé ». C’est pourquoi il faudra voir ce que cela donne dans le temps, mais on peut déjà se réjouir de l’aboutissement d’un tel projet.
22 septembre 2023 | Imprimer
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