La valse des directeurs d’opéra italiens se poursuit : annoncé sur le départ de la Scala de Milan, Dominique Meyer obtient le soutien des musiciens du théâtre milanais, alors que Carlo Fuortes, nommé au Teatro del Maggio Musicale Fiorentino après la réintégration de Stéphane Lissner à Naples, pourrait devoir quitter son poste après une condamnation suite à la mort d’un salarié de l’Opéra de Rome.
On se souvient de l'adoption de ce décret en Italie fixant l’âge de la retraite des directeurs d’opéra à 70 ans, visant d'abord Stéphane Lissner à la tête du Teatro di San Carlo, puis Dominique Meyer qui dirige la Scala de Milan. Un véritable feuilleton en avait découlé, menant le Teatro di San Carlo de Naples devant les tribunaux qui ordonnaient finalement la réintégration de Stéphane Lissner. Reste toutefois à présent à trancher le cas du directeur de la Scala, mais aussi celui de Carlo Fuortes qui avait été nommé à la tête du Teatro di San Carlo pour succéder à Stéphane Lissner.
Si Dominique Meyer (né le 8 août 1955) n’était pas encore touché par la limite d'âge lors du vote du décret, son soixante-dixième anniversaire approche désormais, et la question de son remplacement est évoquée.
Dominique Meyer soutenu par les musiciens de la Scala
Alors que la question de son remplacement se profile, les musiciens du Teatro alla Scala anticipent et réclament le maintien de leur directeur par le biais d’une lettre ouverte, que la quasi totalité des musiciens ont approuvé (95%). Ils souhaitent que Dominique Meyer demeure à la tête de l’institution pour deux années supplémentaires, aux côtés du directeur musical Riccardo Chailly. Ils argumentent que les deux prochaines saisons sont d’ores et déjà programmées, et que maintenir les deux hommes ensemble à leurs postes respectifs ferait ainsi sens afin de clore « un parcours artistique de valeur ». D’autant plus après la crise liée à la pandémie, et alors que la Scala a réussi à renouer avec des chiffres satisfaisants (tant en recettes qu’en fréquentation).
Une demande qui intervient alors que le conseil d’administration de la Scala s’apprêtait justement à annoncer le choix de Fortunato Ortombina le 8 avril prochain – ou tout du moins à le confirmer, ce nom circulant déjà en coulisses.
Carlo Fuortes au Teatro del Maggio Musicale Fiorentino mais condamné
Suite à la réintégration de Stéphane Lissner au Teatro di San Carlo de Naples, il fallait un nouveau poste à Carlo Fuortes qui finit à la tête du Teatro del Maggio Musicale Fiorentino dans ce jeu de chaises musicales.
Une fin assez heureuse, cependant entachée par une récente décision de justice. En effet, le directeur vient d’être condamné à de la prison (un an et quatre mois) suite à la mort accidentelle d’Oberdan Varani, un employé du Teatro dell'Opera di Roma en 2017 – rappelons que Carlo Fuortes en fut le directeur de 2013 à 2021. Le tribunal romain condamne en outre l’ancien intendant à verser la somme 220 000 euros à la famille du salarié, à titre de dommages et intérêts, conformément à la législation locale sur la sécurité du travail. Pour rappel, le salarié était décédé à l’époque quelques jours après être tombé d’une échelle alors qu’il effectuait un nettoyage de la fosse de scène. Le propriétaire du théâtre a également été condamné.
Selon Alessandro Gamberini, avocat de Carlo Fuortes, dont les propos sont rapportés par Italy24, il s'agit là « d'une peine déconcertante pour laquelle nous ferons appel. Une sentence qui condamne Carlos Fuortes pour un décès au travail mais pas pour un risque au travail. Un décès survenu parce que le travailleur a glissé de la première marche de l'échelle et avait un taux d'alcoolémie de 1,3 g/l. La raison pour laquelle il a glissé est liée au taux d'alcool dans son sang. Je ne vois pas comment le surintendant du théâtre peut être mis en cause dans cette affaire ». De son côté, Luca Montanari, avocat de la partie civile pour les membres de la famille de la victime, souligne : « Sept ans après les faits, il a été établi qu'au cours de cette période, les travaux d'entretien de l'Opéra de Rome ont été effectués de manière tout à fait superficielle. Il y a eu une pratique contra legem (contraire à la loi, ndlr) qui a été démontrée par l'enquête préliminaire. La défense a soutenu que le travailleur avait été envoyé sur place à la suite d'une décision impromptue d'un superviseur, alors qu'en réalité, il s'agissait de travaux planifiés effectués en violation absolue des règles de sécurité et de gestion des risques en vigueur sur le site ».
Carlo Fuortes et ses avocats indiquent avoir fait appel de la décision. Si ce n’était pas tragique pour le salarié, les événements successifs prendrait presque des allures de soap opera.
29 mars 2024 | Imprimer
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