Quel que soit l'endroit où l'on se trouve sur le globe, certaines maisons d'opéra rayonnent jusqu'à nous et demeurent emblématiques, voire mythiques, comme c'est le cas de la Scala de Milan, ou encore du Metropolitan de New York vers qui tous les regards convergent actuellement suite à l'annonce de sa saison 2020-2021. Une saison qui avait par ailleurs perdu de son mystère puisque certaines fuites en avaient déjà dévoilé une partie du contenu qui se voit néanmoins maintenant confirmé.
Sans grande surprise donc, c’est bien une nouvelle production d’Aida qui ouvrira la saison le 21 septembre dans une mise en scène de Michael Mayer, dont la maison new-yorkaise reprend justement depuis le mois dernier La Traviata et à qui l’on doit également la création mondiale de Marnie à Londres en 2017. Trois chefs se succéderont dans cette production, dont l’actuel directeur musical Yannick Nézet-Séguin. Le rôle-titre comptera lui aussi trois interprètes, dont la toujours très attendue Anna Netrebko, grande habituée de la maison, face à l’Amneris d’Anita Rachvelishvili, au Radamès de Piotr Beczala ou encore à l’Amonasro de Ludovic Tézier pour ne citer que ces noms, la distribution étant pluriel pour chaque rôle.
Suivant l’abécédaire des blockbusters lyriques, après la lettre « A » d’Aida nous auront le B de la Bohème ainsi que le « C » de Carmen avec la reprise de la production de Franco Zeffirelli pour la première, donnée à maintes reprises depuis sa création en 1963 et qui verra cette saison Nicole Car, Angela Gheorghiu, Eleonora Buratto et Angel Blue dans le rôle de Mimi. Quant au chef d’œuvre de Bizet, il sera donné dans la mise en scène de Richard Eyre que nous avons vue en 2015. Clémentine Margaine reprendra le rôle-titre déjà interprété sur cette même scène et dans cette même mise en scène en 2017 (elle avait d’ailleurs remplacé Sophie Koch et avancé ainsi un peu ses premiers pas au Met). Nicole Car sera à nouveau de la partie en Micaela, rôle qu’elle partagera notamment avec Olga Peretyatko. Nous poursuivrons ensuite avec le D de Don Giovanni, à l’affiche, dans la production de Ivo van Hove créée avec l’Opéra de Paris où elle a déjà été donnée en 2019 (sans pleinement nous convaincre) et 2020, mais qui devrait faire ses premiers pas américains en mars 2021. Le rôle-titre sera partagé pour sa part entre Peter Mattei et Gerald Finley – qui sera également Leporello quand il n’interprètera pas le séducteur légendaire
Loin de s’arrêter à ces reprises, le Metropolitan basera comme à son habitude son imposante programmation sur un nombre important de productions déjà données, comme Le Barbier de Séville créé initialement en 2007 par Bartlett Sher dont on ne compte plus les reprises et que nous avons vu en 2014, ou encore Les Contes d’Hoffmann imaginés par la même personne, créés en 2009 et que nous avons vu en 2015. Cette production sera toutefois l’occasion pour les New-yorkais d’entendre la magnifique direction de Daniele Rustioni, l’actuel chef permanent de l’Opéra de Lyon, dans une distribution unique. La diva russe Anna Netrebko reviendra en avril et mai pour sa première Abigaille dans Nabucco imaginé par Elijah Moshinsky. Elle retrouvera notamment Varduhi Abrahamyan, également une autre Carmen dans la production citée plus haut. Deux autres grands standards des opéras italiens sont également à citer, à commencer par La Traviata mise en scène par Michael Mayer, créée en 2018 et reprise en 2020. Sous les baguettes de Carlo Rizzi, Speranza Scappucci et Daniele Callegari, le public aura l’occasion de voir et d’entendre trois Violetta exceptionnelles : Ailyn Pérez, Anita Hartig, qui a déjà eu l’occasion d’offrir « une incarnation exceptionnelle de Violetta » à Toulouse en octobre 2018, et Lisette Oropesa, qui s’apprête justement à tenir ce rôle dans cette même production au Met. Viendra ensuite Il Trovatore dans la mise en scène de Sir David McVicar sous la direction de Michele Mariotti, où nous pourrons entendre Sonya Yoncheva et Krassimira Stoyanova en Leonora, ainsi qu’Ekaterina Semenchuk et Anita Rachvelishvili en Azucena.
Outre les grands classiques du répertoire italien, le public new-yorkais aura également la possibilité de (re)découvrir les productions de Tristan und Isolde imaginée en 2016 par Mariusz Trelinski (avec Christine Goerke, déjà acclamée la saison dernière dans le Ring du Met, et dirigé par le chef wagnérien Hartmut Haenchen pour la première fois au Met), tandis que Simon McBurney fera aussi ses débuts sur cette scène mythique avec sa La Flûte enchantée féérique que nous avons notamment eu l’occasion de voir à Aix-en-Provence en 2018. Dans cette double distribution – à l’exception du rôle de Papageno de Thomas Oliemans – Stanislas de Barbeyrac reprendra le rôle de Tamino qu’il connaît maintenant bien pour l’avoir étrenné sur diverses scène, dont celle de Paris, tandis que Gustavo Dudamel partagera la fosse avec Cornelius Meister.
Ajoutons Fidelio sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, avec Lise Davidsen qui a déjà fait forte impression à New York dans la Dame de Pique, ici aux côtés de Golda Schultz, Brandon Jovanovich, Tomasz Konieczny et Christian Van Horn ; ou encore Rusalka dans une distribution enthousisamante pour les uns, au moins intriguante pour les autres, réunissant Sonya Yoncheva et Piotr Beczala, sous la baguette du jeune chef Jakub Hrusa.
Parmi les autres productions qui jalonneront la saison, citons aussi Il Pirata pour sa distribution qui devrait réunir Diana Damrau, Angela Meade, Javier Camarena et Nicolas Testé, sous la baguette de Maurizio Benini. Notons encore Roméo et Juliette, mis en scène par Bartlett Sher : la production que nous avons vue à la Scala de Milan sera l’occasion pour Benjamin Bernheim de faire ses premiers pas au Met dans le rôle de Roméo aux côtés, entre autres, de Laurent Naouri, Nadine Sierra, Julie Boulianne et Ildar Abdrazakov. Pour finir, citons enfin la programmation de L’Ange de feu dans la mise en scène de Barrie Kosky conçue à la Bayerische Staatsoper en 2015 et que nous avions chroniqué – ce sera là la première collaboration du metteur en scène avec le Met. Enfin, notons une nouvelle production Dead man walking signée Ivo van Hove, avec Joyce DiDonato et Susan Graham.
La saison 2020-2021 du Metropolitan Opera de New York s’annonce donc toujours chargée (23 opéras au total), faisant la part belle aux reprises et aux grands classiques, avec toutefois quelques titres peut-être un petit peu moins classiques pour cette salle afin de poursuivre l’ouverture débutée la saison dernière, non par de nouvelles productions, mais par une programmation qui, très lentement, se dirige pour quelques productions vers un répertoire plus récent. L'ensemble de la programmation est du reste accessible en détail sur le site officiel du Metropolitan Opera.
14 février 2020 | Imprimer
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