Comme nombre de grandes maisons lyriques, l’Opéra de Monte-Carlo présente sa saison 2021-2022. Une saison néanmoins très particulière puisqu'elle sera la dernière de Jean-Louis Grinda, qui assure la direction de l'établissement monégasque depuis juillet 2007 et qui laissera la place à Cecilia Bartoli en décembre 2022. Raison pour laquelle, le directeur s'est attaché à présenter le programme qu'il a composé pour l'Opéra jusqu'au terme de son mandat, fin 2022 (et non seulement jusqu'à l'été de la même année). Une fin de mandat qui ne se veut toutefois pas « le bouquet final d’un feu d’artifice mais plutôt la continuation de la politique artistique » opérée par le maître des lieux depuis 15 saisons maintenant.
Si la Fête nationale monégasque marque toujours le grand lancement de la saison lyrique, le mois d’octobre réserve derechef une belle surprise avec le récital d’Angela Gheorghiu qui fera ainsi son retour à l’Opéra de Monte-Carlo après sa Suzel de L’amico Fritz en 1999, sa Marguerite de Faust en 2005 et sa participation au concert de gala en 2015. Puis un second récital prestigieux attend le public monégasque en avril avec Bryn Terfel, accompagné pour l’occasion à la harpe par son épouse talentueuse, Hannah Stone.
En novembre, la saison débutera pleinement avec deux propositions. Tout d’abord, Madame Butterfly, dans la mise en scène de Mireille Laroche et sous la baguette de Giampaolo Bisanti. Le rôle-titre sera tenu par Aleksandra Kurzak face au Pinkerton de Marcelo Puente. Ensuite, Plácido Domingo sera lui aussi présent à l’occasion de la fête nationale pour une « Nuit espagnole » dans laquelle « les airs les plus célèbres de la zarzuela se mêleront aux sensuelles arabesques dessinées par les danseurs de la Compagnie Antonio Gades sur des musiques de Granados, de Falla et Giménez ». Pour cette occasion, le chanteur sera entouré par la soprano Saioa Hernández et le ténor Ismael Jord.
Le mois suivant, Il Corsaro de Verdi, œuvre de jeunesse romantique et fougueuse encore jamais donnée dans ses lieux, sera proposée en version de concert sous la baguette de Massimo Zanetti, avec Giorgio Berrugi, Irina Lungu, ou encore Artur Ruciński. Puis en janvier, l’Opéra accueillera une nouvelle production d’Il Turco in Italia imaginée par le maître des lieux, Jean-Louis Grinda, et dirigée musicalement par Gianluca Capuano. Cecilia Bartoli y tiendra le rôle de Donna Fiorilla face notamment au Selim d’Ildar Abdrazakov qui vient de clore la saison monégasque en beauté dans Boris Godounov. Cette nouvelle production a par ailleurs un destin un peu particulier puisqu’elle sera reprise à la Staatsoper de Vienne lors d’un festival Rossini au cours duquel la maison monégasque sera invitée deux semaines.
En février, Stéphanie d’Oustrac fera ses premiers pas à Monte-Carlo dans Werther, où elle reprendra le rôle de Charlotte qu’elle avait tenu pour la première fois en 2018, alors à Nancy. Jean-François Borras tiendra le rôle du héros romantique et Jean-François Lapointe celui d’Albert dans cette mise en scène signée à nouveau par Jean-Louis Grinda. Ce dernier tenait par ailleurs particulièrement à proposer Wozzeck avant de quitter la maison en mars prochain, marquant ainsi l’entrée au répertoire de l’œuvre qui n’a encore jamais été donnée sur cette scène. Il a fait appel à Michel Fau pour cette coproduction avec le Théâtre du Capitole de Toulouse qui respectera le texte et l’époque de l’œuvre. On pourra par ailleurs compter sur Trevor Scheunemann dans le rôle-titre. Quant à Guy Montavon, à qui l’on doit déjà Stiffelio en 2013, il signera une nouvelle production d’une Manon Lescaut qui réunira Maria Agresta dans le rôle-titre, Claudio Sgura en Lescaut et Yusif Eyvazov en Chevalier Des Grieux – qui fera pour l’occasion ses débuts sur la scène de Monte-Carlo.
En novembre 2022, l'Opéra de Monte-Carlo basculera dans sa saison suivante avec une Damnation de Faust imaginée par Jean-Louis Grinda en guise d’adieux, qui promet une production grandiose dans le cadre de la fête nationale. Le public y retrouvera la Marguerite d’Aude Extrémo, le Faust de Pene Pati, le Méphistophélès de Nicolas Courjal et le Brander de Frédéric Caton. En décembre, ultime œuvre programmée par l’actuel directeur de la maison, Lakmé fera son retour sur la scène monégasque après plus de 35 ans d’absence, dans une version de concert qui réunira Sabine Devieilhe, l’une des plus grandes Lakmé d’aujourd’hui, et Cyrille Dubois.
Ainsi, bien plus qu’une autre saison superbe, ce sont des adieux exceptionnels qu'annonce Jean-Louis Grinda, s’évertuant une fois encore à poursuivre dans l’excellence des années passées pour modeler celles à venir.
04 juin 2021 | Imprimer
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