Saison 2023-2024 : constellations de stars au Teatro di San Carlo (Actualité)

© Teatro di San Carlo

Traditionnellement, la programmation du Teatro di San Carlo de Naples fait la part belle à un répertoire extrêmement classique, mais porté par des équipes artistiques et des distributions flamboyantes qui garantissent d’attirer le public. La saison 2023-2024 de la maison napolitaine, tout juste dévoilée par le surintendant Stéphane Lissner et le directeur musical Dan Ettinger aux côtés du ténor Jonas Kaufmann (actuellement à Naples pour interpréter Siegmund dans La Valkyrie), ne déroge pas à la règle.

Un théâtre de reprises

Forte de douze opéras mis en scène ou en version de concert, la saison lyrique 2023-2024 du Teatro di San Carlo s’ouvrira le 9 décembre avec une nouvelle production de Turandot : la mise en scène sera signée du jeune metteur en scène russe Vasily Barkhatov (qui travaille régulièrement en Allemagne mais se fait plus rare en Italie), la fosse est confiée au directeur musical Dan Ettinger et sur scène, Sondra Radvanovsky interprétera le rôle-titre face au Calaf de Yusif Eyvazov et de la Liù de Rosa Feola en alternance avec Amina Edris.

La suite de la saison enchaine les reprises, certaines récentes, d'autres plus historiques, mais Stéphane Lissner convie quelques metteurs et metteuses en scène ayant un théâtre plutôt stimulant : l’Italienne Emma Dante pour Les Vêpres siciliennes (reprise de Palerme) ou la Néerlandaise Jetske Mijnssen pour Maria Stuarda (donné ce début mai à Amsterdam) qui poursuit le cycle des Trois Reines initié la saison dernière ; le jeune Romain Gilbert qui a notamment travaillé aux côtés de Laurent Pelly ou Claus Guth mettra en scène La Gioconda à Naples (dans le cadre d’une coproduction avec le Gran Teatre del Liceu de Barcelone) ou l’Australien Justin Way qui reprend sa mise en scène de Norma étrennée au Teatro Real. Autres reprises, plus classiques : les mises en scène d’Elektra par Klaus Michael Grüber ou de Carmen par Daniele Finzi Pasca.

On retient aussi la reprise du diptyque réunissant Le Château de Barbe Bleue et La Voix humaine par Krzysztof Warlikowski créée en 2015 à l'Opéra de Paris – l’une des rares incursions de la maison napolitaine dans le répertoire du XXe siècle (avec Elektra), qui sera porté sur scène notamment par Elīna Garanča et Barbara Hannigan.

Porté par des distributions d'envergure

La vraie force du Teatro di San Carlo reste néanmoins sa capacité à réunir des distributions de grande envergure, aptes à attirer un public local comme international. Le plus bel exemple en est sans doute La Gioconda, dont la première distribution (les 10, 13 et 16 avril 2024) réunira Anna Netrebko dans le rôle-titre aux côtés de l’Enzo de Jonas Kaufmann, de l'infâme Barnaba de Ludovic Tézier ou encore de la Laura d’Anita Rachvelishvili.

La suite de la saison n’est pas en reste : Mattia Olivieri ou Maria Agresta dans Les Vêpres Siciliennes en janvier 2024 ; Andrzej Filończyk, Antonio Di Matteo, la jeune Roberta Mantegna ou Valentina Naforniţa dans Don Giovanni en février ; Anna Pirozzi, Ekaterina Gubanova ou Freddie De Tommaso dans Norma en mars ; et puis Luisa Miller avec Nadine Sierra ou Maria Stuarda avec Pretty Yende en juin ; suivis de La Traviata en juillet avec Lisette Oropesa, Xabier Anduaga et Luca Salsi ; ou encore quelques mois plus tard, en octobre 2024, Simon Boccanegra avec Ludovic Tézier dans le rôle-titre, puis Carmen porté par la très prometteuse Aigul Akhmetshina.

On peut aussi mentionner les récitals. En vrac et pour l’exemple : Jonas Kaufmann le 2 février 2024 dans un programme original d’œuvres de Nino Rota, Bernard Herrmann, Max Steiner ou Franz Waxman, et qui reviendra en duo avec Ludovic Tézier le 6 octobre 2024 ; Barbara Hannigan dans un répertoire notamment contemporain accompagnée par le pianiste Bertrand Chamayou le 11 mai ; puis des récitals de Maria Agresta (20 avril 2024), Nadine Sierra (23 mai), Luca Salsi (7 juin), ou Lisette Oropesa (4 juillet), entre autres.

Des distributions à faire pâlir d’envie plus d’une maison d’opéra et qui permettront assurément de remplir la salle du Teatro di San Carlo. Et c’est sans doute heureux pour la maison napolitaine dont les subventions régionales ont été sabrées à hauteur de deux millions d’euros.