Cette semaine, tant à travers la France (grâce à la série Viva l’opéra qui programmait dans les cinémas UGC la superbe Norma de Bellini filmée au Liceu de Barcelone) qu’à l’Opéra de Paris (grâce à la reprise d’Aïda), le public français a pu découvrir la grande soprano américaine Sondra Radvanovsky.
Si son nom « sonne » russe (elle a assurément de lointains ancêtres venus de Russie il y a quelques générations), elle est née aux Etats-Unis mais est aujourd’hui de nationalité canadienne. Elle a fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York en Antonia des Contes d’Hoffmann avant de se consacrer à Verdi dont elle est devenue très vite une des plus grandes interprètes au monde : on l’a entendue ces dernières années triompher en Leonora du Trouvère, Aïda, Elvira d’Ernani, Luisa Miller, Elena des Vêpres siciliennes, Lina de Stiffelio, Elisabetta de Don Carlo, Amelia du Bal masqué – et tout cela du Covent Garden de Londres à la Scala de Milan, du Staatsoper de Vienne à l’Opéra de Chicago ou à l’Opéra de San Francisco !... Et puis, au milieu de quelques autres rôles de Puccini ou Donizetti, il y a cette Norma qu’elle aborde en 2012 et va chanter sur toutes les plus grandes scènes, de New York à Munich en passant par Barcelone.
Bref, on comprend que si, comme souvent, les Français ont tardé à accueillir cette voix exceptionnelle, les lyricophiles savent depuis plusieurs années qu’elle est une des plus grandes. Pourquoi ?
Parce que, outre une tenue en scène d’une rare noblesse, une beauté marmoréenne du geste, une grandeur sans ostentation de chaque expression, la voix de Sondra Radvanovsky est d’une plénitude confondante : le timbre est charnu, doré, plein, le souffle est immense, permettant des piani et des pianissimi fascinants, la tenue des phrasés est impressionnante, la maitrise du style parfaite et, de surcroit, Sondra Radvanovsky sait habiter ses rôles avec une intelligence qui rend chaque personnage évident.
Alors, que faire ? Courir à l’Opéra Bastille, où Sondra Radvanovsky chante Aïda jusqu’au 12 juillet – avec une partenaire elle aussi exceptionnelle, la géorgienne Anita Rachvelishvili, grande voix de mezzo dramatique au timbre de bronze et à la projection vertigineuse. Quoi qu’on puisse penser de la mise en scène d’Olivier Py ou de la direction de Daniel Oren, la réelle jouissance procurée par ces voix superlatives dans Aïda (et il ne faut pas oublier le somptueux barytron George Gagnidze en Amonasro) permet de profiter d’une belle fin de saison en attendant les découvertes des festivals. Mais ce qu’il faut retenir, celle qu’il faut chercher à écouter partout, c’est Sondra Radvanovsky.
Alain Duault
17 juin 2016 | Imprimer
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