Vision de directeur avec Stéphane Lissner : attirer les plus grandes voix sur scène

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Pour Stéphane Lissner, directeur de l’Opéra National de Paris, le secret permettant de réaliser une saison réussie peut se résumer en trois maîtres-mots : diversité, qualité et pertinence.

Cette approche nécessite d’associer  les plus grandes voix de notre époque – des chanteurs tels que Jonas KaufmannBryn TerfelAnja Harteros ou Anna Netrebko, et des metteurs en scène comme Claus Guth ou Anne Teresa De Keersmaeker – aux compositeurs du passé, des plus réputés aux moins connus, qui ont participé à la fondation et au développement de l’art de l’opéra depuis son commencement, sans oublier toutefois les nouveaux auteurs d’aujourd’hui.

Stéphane Lissner est néanmoins catégorique, ce qu’offre l’Opéra de Paris ne dépend pas uniquement des œuvres présentées dans l’établissement mais aussi, et c’est évidemment tout aussi significatif, des artistes qui donnent vie à ces œuvres : les metteurs en scène, les chefs d’orchestre et les chanteurs.

« C’est un puzzle difficile à assembler, que nous devons compléter trois voire quatre ans à l’avance », tant au regard du calendrier de l’institution parisienne que de celui des différents artistes.

Dans ce contexte, offrir les plus grandes voix au public de l’Opéra de Paris est décisif. « Nous avons la chance d’avoir de grands artistes de renommée internationale pour chacune de nos productions : Franco Fagioli dans Eliogabalo ; Anja Harteros, Marcelo Alvarez et  Bryn Terfel dans Tosca de Puccini (du 17 septembre au 18 octobre) ;  Aleksandrs Antonenko et Anita Rachvelishvili dans Samson et Dalila de Saint-Saëns (du 4 octobre au 5 novembre) ; et Jonas Kaufmann dans Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach (du 3 au 27 novembre) ou encore dans Lohengrin de Wagner (du 18 janvier au 18 février).

Organiser une nouvelle saison requiert un effort collectif en collaboration avec les artistes. « Nous devons parfois convaincre certains artistes d’interpréter les opéras que nous voulons monter, et ce sont parfois eux qui nous convainquent d’en donner un qu’ils veulent interpréter. C’est un échange artistique et intellectuel entre l’artiste et le programmateur ».

Selon Stéphane Lissner, une telle collaboration dépend notamment de la qualité de l’environnement qui aura été créé dans l’établissement, pour induire un bon travail artistique. « Il est très important de développer une relation de confiance avec les artistes, dans laquelle ils se sentent bien afin de répéter et de créer dans de bonnes conditions. Non seulement pour leur donner envie de revenir, mais aussi  tout particulièrement pour qu’ils expriment au mieux leur talent sur scène. J’insiste au quotidien sur l’importance de tout organiser autour des artistes. »

Parmi les chanteurs à venir, le directeur mentionne Nadine Sierra dans Eliogabalo ou Pretty Yende  qui fera ses débuts dans Lucia di Lammermoor de Donizetti (du 14 octobre au 16 novembre).

Actuellement dans le rôle principal de Violetta dans La Traviata de Verdi (en alternance avec Maria Agresta du 7 au 29 juin), après avoir chanté le rôle-titre de Iolanta dans la production qui associait l’œuvre de Tchaikovsky à son ballet Casse-Noisette, , la soprano bulgare Sonya Yoncheva sera aussi à l’affiche d’Eugène Onéguine la saison prochaine (du 6 mai au 14 juin 2017) dans le rôle de Tatyana, qu’elle partagera alors avec Anna Netrebko.

Stéphane Lissner aborde également le sujet des compositeurs : « Nous couvrons le répertoire du XVIIème au XXIème siècle ».  C’est une évidence lorsqu’on s’attarde sur la plupart des nouvelles productions de l’Opéra de Paris, depuis Eliogabalo – écrit en 1667 par Francesco Cavalli, mais pas encore présenté à cette époque – qui sera au programme de l’établissement pour ouvrir la saison 2016-2017 dans une nouvelle production de Thomas Jolly (du 16 septembre au 15 octobre) jusqu’à Trompe-la-Mort (du 16 mars au 5 avril 2017), un nouvel opéra composé par l’italien Luca Francesconi, dirigé par le metteur en scène belge Guy Cassiers, et spécialement commandé par l’opéra parisien.

Trompe-la-mort fait aussi partie du projet de l’Opéra de Paris de présenter de nouvelles productions basées sur la littérature française, dans le cas présent Splendeur et misère des courtisanes de Balzac, issu de La Comédie Humaine, dans laquelle l’auteur s’attache à examiner la société française du XIXème siècle.

Bien entendu, le théâtre n’est théâtre que si public il y a, et Stéphane Lissner insiste sur l’importance d’offrir aux aficionados une grande diversité d’expériences : «  Nous ne pouvons pas seulement leur offrir du divertissement, nous devons aussi leur donner un espace de réflexion. ».

À titre d’exemple, Stéphane Lissner rappelle deux opéras de la saison passée : « Nous avons donné Moses und Aron de Schoenbergn œuvre résolument moderne, mais aussi l’opéra comique de Donizetti, L’Elisir d’amore. Nous pouvons présenter des œuvres très différentes musicalement et thématiquement au cours d’une même saison. L’opéra offre autant de matière soumise à réflexion que de source de divertissement. »

La maison parisienne s’efforce aussi de présenter à son public des opéras qui n’ont pas toujours la visibilité qu’ils mériteraient d’avoir, et pour ce faire, une fois encore, au travers de nouvelles productions. La Fille de Neige (du 15 avril au 3 mai 2017), par exemple, est une nouvelle production de l’opéra signée Rimsky-Korsakov dont la première eût lieu à Saint-Pétersbourg au Théâtre du Mariinsky en 1882, et qui a rarement été joué en Occident.

Une autre nouveauté pour le public parisien sera l’approche retenue pour Così fan tutte de Mozart (du 26 janvier au 19 février 2017). Dirigé par la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker, cette nouvelle production verra chacun de ses six chanteurs doublés par six danseurs (issus du Ballet de l’Opéra de Paris et de la compagnie de Keersmaeker, Rosas).

Résumant sa vision de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner pense qu’une diversité de propositions artistiques en connexion avec le monde d’aujourd’hui est essentielle, tout comme le maintien d’une haute qualité théâtrale et musicale : « Chacun de ces deux aspects doit être au même niveau, l’opéra est l’union de la musique et du théâtre ».

 

Article issu de l'International New York Times, n’engageant pas la rédaction du journal, et dont nous reproduisons le contenu avec leur aimable autorisation.
Center stage est produit par le département international T Brand Studio et n'engage pas les départements éditoriaux de l'International New York Times.

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