Une « ambitieuse » édition 2024 au Festival de Baugé

Xl_festival-opera-bauge-en-anjou © Festival de Baugé

Depuis maintenant plus de 20 ans, le Festival de Baugé, en Anjou, accueille les amateurs d’opéra dans le cadre bucolique du parc des Capucins – où les visiteurs sont invités à pique-niquer pendant de longs entractes. Cette année, le festival programme Carmen, L’elisir d’amore et Don Carlo défendus par des distributions d’habitués.

Les Britanniques ont le Festival de Glyndebourne, les Angevins le Festival de Baugé. Si le second n’a pas encore tout à fait l’envergure internationale du premier, les deux rendez-vous lyriques revendiquent néanmoins le même esprit et quelques points communs. Comme son homologue d’outre-Manche, le Festival de Baugé affiche des origines britanniques : il y a maintenant plus d'une vingtaine d’années, après avoir quitté l’Angleterre pour l’Anjou, John et Bernadette Grimmett imaginaient un festival d’opéra à 40 km d’Angers, dans le parc des Capucins – haut-lieu angevin, réputé pour son église puis son couvent jusqu’à la Révolution.

Comme Glyndebourne, le Festival de Baugé affiche une solide ambition artistique et programme volontiers des œuvres exigeantes, voire qu’on entend un peu moins ailleurs (Albert Herring de Britten, Martha de Friedrich von Flotow, The Bear de Walton, ou encore la création française d’Alfonso et Estrella de Schubert en 2019, parmi d’autres), au milieu d’opéras plus fréquemment montés ; et toujours comme le festival britannique, Baugé mise aussi sur son cadre bucolique. Les productions d’opéra y sont données tôt (vers 18h) pour être entrecoupées d’un long entracte de 90 minutes, permettant aux mélomanes de pique-niquer dans le parc avant d’assister à la seconde partie de la représentation – comme un écho aux activités agricoles des premiers moines des Capucins qui nourrissaient la population locale d’alors. Et pour ne rien gâcher, Bernadette Grimmett peut se targuer d’un solide instinct pour dénicher de jeunes talents qui se produisent à Baugé avant d’être accueillis sur les plus grandes scènes internationales – on pense par exemple à Aigul Akhmetshina, découverte à Baugé en 2018 alors qu’elle avait 22 ans et qui chante aujourd’hui à Londres, New York ou Salzbourg.

En 2024, Carmen, L’elisir d’amore et Don Carlo

Cette année du 25 juillet au 6 août, le Festival de Baugé est de retour avec trois opéras (pour dix représentations), en plus de concerts et masterclasses, ou encore de la sixième édition de son concours international de chefs d’orchestre. Et comme l’année dernière, le festival proposera également une « courte saison de cinéma » prenant la forme de projections de films ayant vocation à éclairer le contexte historique des opéras.

Au plan lyrique, le festival affiche son ambition : reprendre certaines des œuvres déjà données lors d’éditions précédentes, mais avec le niveau artistique « considérablement augmenté » dont bénéficie le festival aujourd’hui. Baugé avait ainsi donné Carmen en 2006, l’opéra de Bizet est de nouveau programmé cette année, mais défendu cette fois par la jeune mezzo estonienne Kadi Jürgens dans le rôle-titre (déjà présente à Baugé l’année dernière dans L’enfant et les sortilèges et Cavalleria rusticana), face au Don José du ténor sud-coréen Ji-Min Park, un habitué du festival depuis des années que le couple Grimmett avait découvert à Vienne lors d’un concours de chant et qui poursuit aujourd’hui une belle carrière internationale. Même approche avec L’elisir d’amore, déjà donné en 2013 et repris cette année avec une distribution réunissant Dominic Bevan et la jeune colorature coréenne Yae-Eun Seo, l’un et l’autre se produisant régulièrement à Baugé.

Pour autant, l’enjeu de cette édition 2024 du Festival de Baugé tient peut-être davantage à la nouvelle production de Don Carlos (ici dans sa version italienne). On sait l’œuvre imposante et exigeante, mais Baugé relève crânement le défi avec l’aide de la distribution qui suscitait des éloges l’année dernière dans Un Bal Masqué et avant ça, déjà dans le Trouvère en 2019 : on y retrouve le ténor argentin Pablo Bemsch dans le rôle-titre, la mezzo estonienne Monika-Evelin Liiv en princesse Eboli ou encore Denis Sedov en Grand inquisiteur et l’impressionnante Vlada Borovko en Elisabeth de Valois. Le Festival de Baugé se conçoit comme une « rampe de lancement » pour les artistes. Si ceux-là ont déjà des carrières bien lancées, gageons le parc des Capucins sera de nouveau l’occasion de continuer à forger des expériences solides pour l’avenir.

Le Festival de Baugé promet la légèreté et la poésie champêtres de son cadre, alliées à la rigueur et l’exigence musicales. L’édition 2024 se tient du 25 juillet au 6 août prochains, en Anjou – et Glyndebourne n’a qu’à bien se tenir.

publié le 19 juillet 2024 à 09h27 par Aurelien Pfeffer

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