Le Teatro alla Scala s'impose comme l'un des temples de l'opéra italien et la saison 2019-2020 de l'établissement milanais n'entend manifestement pas déroger à la tradition. Selon Riccardo Chailly, le directeur musical de l’institution, « les lignes artistiques qui guident la programmation de ces dernières années dessinent un parcours toujours plus approfondi de l'opéra italien », quand bien même le directeur Alexander Pereira y voit également un « engagement fort sur le répertoire international ».
C’est donc assez naturellement que la saison de la Scala s'ouvrira à la date traditionnelle du 7 décembre avec un chef d’œuvre italien, Tosca, dirigé par le directeur musical de la maison et avec Anna Netrebko dans le rôle-titre, en alternance avec Saioa Hernández (qui faisait ses premiers pas sur cette scène dans Attila pour l’ouverture de la saison dernière), face au Scarpia de Luca Salsi et dans la mise en scène de Davide Livermore. Les Milanais retrouveront Verdi pour trois titres, à commencer par Il Trovatore, mis en scène par Alvis Hermanis, puis Un Bal masqué avec une affiche réunissant à nouveau Luca Salsi (Renato) et Saioa Hernández (Amelia), et enfin La Traviata dans une reprise du spectacle filmé de Liliana Cavani (dont on rendait compte). Marina Rebeka et Angel Blue se partageront le rôle de Violetta, Francesco Meli et Charles Castronovo celui d’Alfredo Germont, ou encore Leo Nucci, Plácido Domingo et George Petean celui de Giorgio Germon.
L'incontournable Rossini sera également de la fête avec Il turco in Italia dirigé par Diego Fasolis ou encore Le voyage à Reims, opéra bouffe qui fut joué à la Scala en 1985 sous la baguette de Claudio Abbado et ici mis en scène par Luca Ronconi. Umberto Giordano, qu'on connait principalement pour son Andrea Chénier, sera aussi au programme, mais avec Fedora, créé à la Scala en 1898 et mise en scène ici par Mario Martone (dont nous avions apprécié ici-même La Khovanchtchina en mars dernier), sous la direction de Daniel Oren. Une nouvelle production qui devrait être particulièrement attendue, non seulement parce que l'oeuvre est rare mais aussi parce qu'elle sera l’occasion d’entendre Sonya Yoncheva en Principessa Fedora Romazoff (une prise de rôle), Mariangela Sicilia en Contessa Olga Sukarev, mais aussi et surtout Roberto Alagna qui fera son grand retour sur la scène milanaise qu’il n’a pas retrouvée depuis Aïda en 2006.
Autre nouvelle production d'une oeuvre rare, celle de L’amore dei tre re, poème tragique en trois actes d'Italo Montemezzi sur un livret de Sem Benelli créé à La Scala de Milan le 10 avril 1913. Àlex Ollé sera chargé de la mise en scène et Carlo Rizzi de la direction musicale. Le plateau réunira Ferluccio Furlanetto, Roberto Frontali, Giorgio Berrugi, Federica Lombardi et Giorgio Misseri. Quant à La Gioconda, elle clôturera la saison sous la baguette d’Ádám Fischer dans une nouvelle production signée Davide Livermore dans laquelle nous retrouverons à nouveau Saioa Hernández dans le rôle-titre et Luca Salsi en Barnaba, ainsi que Daniela Barcellona ou encore Francesco Meli.
Néanmoins, des compositeurs étrangers seront aussi à l’affiche de la scène milanaise, comme par exemple Roméo et Juliette de Gounod dans la production du Metropolitan sous la direction de Lorenzo Viotti. Celle-ci réunira un plateau de haute volée qui comptera Diana Damrau (Juliette), Vittorio Grigolo (Roméo), Nicolas Testé (Frère Laurent), Marina Viotti (Stéphano) ou encore Sara Mingardo (Gertrude). Autre compositeur français à l’honneur, Debussy et son Pelléas et Mélisande dans une nouvelle production de Matthias Hartmann dirigée par Daniele Gatti, avec Bernard Richter et Patricia Petibon pour incarner les amants, sans oublier Sylvie Brunet-Grupposo, l’une des plus grandes Geneviève actuelles.
L’opéra allemand ne sera pas oublié non plus, notamment avec Salome de Strauss dans une nouvelle production de Damiano Michieletto (qui mettra également en scène le diptyque Erwartung/Intolleranza 1960 d’Arnold Schönberg et de Luigi Nono en octobre et novembre), sous la baguette de Riccardo Chailly, avec Malin Byström dans le rôle-titre et Roberto Saccà dans celui d’Herodes. Ádám Fischer dirigera pour sa part la nouvelle production de Tannhäuser signée par Carlus Padrissa (lui aussi issu de La Fura dels Baus) avec Peter Seiffert.
Enfin, dernière œuvre de la saison, Semele sera à l’honneur dans une autre nouvelle production signée Robert Carsen dans laquelle nous retrouverons Cecilia Bartoli en Semele, Max Emmanuel Cencic en Athamas, Sara Mingardo en Juno, et Ian Bostridge en Apollo et Jupiter. Quant aux récitals, toujours nombreux, ils devraient être au nombre de sept : la soprano française Sabine Devieilhe devrait briller le 9 novembre 2020, mais aussi Matthias Goerne, Erwin Schrott, Aleksandra Kurzak, Ekaterina Semenchuk, Bejun Mehta et Marina Rebeka. Il faudra également compter avec les concerts exceptionnels de la Scala, dont un concert de Magdalena Kožená accompagnée de Sir Simon Rattle, un autre d’Anna Netrebko, ou encore de Plácido Domingo avec Evelino Pidò à la tête de l’Orchestre et du Chœur de la Scala pour fêter du cinquantième anniversaire de ses débuts sur cette scène mythique.
Une nouvelle saison qui s’annonce toujours aussi riche, faisant la part belle aux classiques de l’opéra italien, ponctués de quelques raretés, regroupant quinze opéras, sept récitals lyriques (en plus des concerts exceptionnels), mais aussi huit ballets et huit programmes symphoniques. De grands rendez-vous nous attendent, à n’en pas douter.
Plus d'informations sur le site officiel de la Scala.
30 mai 2019 | Imprimer
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