Malgré un contexte économique difficile pour de nombreuses maisons lyriques en France, « l’Opéra de Dijon va bien ». C’est en substance ce qu’affirme le directeur de l’établissement dijonnais Dominique Pitoiset : le budget est (« miraculeusement ») à l’équilibre, la maison a su anticiper la crise énergétique et le public est présent, à hauteur de 58 000 spectateurs cette saison. Et si l’Opéra de Dijon présente une saison 2023-2024 « resserrée » affichant un nombre restreint de spectacles (45 spectacles pour 71 levers de rideau la saison prochaine contre 86 la saison dernière), c’est parce que le Grand Théâtre devra fermer ses portes en janvier prochain en prévision d’un an de travaux (les représentations de l’Opéra seront données dans l’Auditorium).
Dans ce contexte, Dominique Pitoiset annonce ainsi une saison 2023-2024 placée sous le signe de l’amour dans tous ses états (évidemment indissociable de l’opéra), précisément pour « prendre le parti de l’intelligence, de l’invention et de la générosité (...) contre la brutalité », pour « célébrer la beauté (...), un monde toujours plus humain et plus juste », « par amour de la vie ».
L’amour triomphant d’Ariodante de Haendel ouvrira ainsi la prochaine saison de l’Opéra de Dijon le 15 octobre 2023. Pour l’occasion, la maison bourguignonne réunit une belle distribution spécialiste du répertoire baroque : le chef William Christie s’entoure des solistes lauréats de son Jardin des Voix et de l’académie internationale des Arts Florissants, à commencer par Lea Desandre dans le rôle-titre et Ana Maria Labin en Ginevra dans une mise en espace de Nicolas Briançon.
Amour toujours et plus fort que l’oppression avec Fidelio en novembre. Le metteur en scène Cyril Teste propose une lecture contemporaine de l’unique opéra de Beethoven, ici transposé dans les prisons américaines « comme métaphore du monde, pour réfléchir à ce que surveiller et punir veut dire aujourd’hui ». Et sur scène, face au Florestan de Maximilian Schmitt, on attend tout particulièrement Sinead Campbell Wallace qui a tant marqué le rôle-titre, notamment à Gstaad.
Amour plus léger et enlevé, ensuite, avec Ô mon bel inconnu, cette « tragédie bourgeoise qui devient comédie » signée Sacha Guitry sur une musique de Reynaldo Hahn. La production du Palazzetto Bru Zane mise en scène par Émeline Bayard promet de « mettre à l’honneur l’élégance des années 30 » et de « dévoiler les incompréhensions, les maladresses et les stratagèmes complexes de protagonistes attachants ». Une « comédie musicale pimpante et acidulée, entre humour et poésie » portée notamment sur scène par Marc Labonnette, Clémence Tilquin ou encore Sheva Tehoval.
En janvier 2024, l’amour se fera allégorique à l’Opéra de Dijon, avec une réinterprétation opératique des Ailes du désir. Othman Louati et Johanny Bert s’emparent du film de Wim Wenders (qui sert d’inspiration au livret de Gwendoline Soublin) pour en faire un spectacle lyrique mêlant « performance visuelle et sonore hautement poétique, marionnettes, musique électronique, ensemble instrumental et choral ». Sur scène, les anges Damielle et Cassiel sont interprétés par Marie-Laure Garnier et Romain Dayez.
L’Opéra de Dijon enchainera ensuite avec le mortel amour de Turandot en coproduction avec l’Opéra national du Rhin, avec Catherine Foster dans le rôle-titre, Adriana González en Liù et Kristian Benedikt en Calaf. La mise en scène d’Emmanuelle Bastet « s’inspire de la Chine contemporaine et réfléchit à la manipulation dans la société moderne », pour interroger « la versatilité du peuple, à la fois victime et instigateur d’une violence perpétuelle, manipulé par un pouvoir cruel dans une société de surveillance généralisée ».
En mars 2024, la maison dijonnaise accueillera la metteuse en scène Silvia Costa et au chef Raphaël Pichon à la tête de son Ensemble Pygmalion pour L’Autre voyage, un voyage psychique au cœur de l’esthétique » de Franz Schubert.
Enfin pour conclure sa saison 2023-24, l’Opéra de Dijon signera deux nouvelles productions. D’abord La Passion selon Saint Jean de Bach (pour les 300 ans de la création de l’œuvre) confiée à la direction musicale de Leonardo García Alarcón et mise en scène par la chorégraphe Sasha Waltz, « connue pour ses choix esthétiques radicaux et la puissance de son geste ». Et ensuite Tosca, que Dominique Pitoiset met lui-même en scène pour « questionner la place des artistes face à un pouvoir arbitraire, dans une société muselée par une violence politique soutenue par des autorités religieuses complices ». En fosse, la cheffe Debora Waldman accompagnera une distribution emmenée par Monica Zanettin dans le rôle-titre aux côtés de Jean-François Borras en Cavaradossi et Dario Solari en Scarpia.
La saison 2023-24 de l’Opéra de Dijon sera en outre ponctuée de plusieurs concerts et récitals : l’Ensemble Pygmalion interprétera par exemple Elias de Felix Mendelssohn avec Stéphane Degout et Siobhan Stagg ; les madrigaux de Luzzasco Luzzaschi interprétés par l’ensemble La Néréide qui réunit Julie Roset, Camille Allérat et Ana Vieira Leite ; un Requiem de Mozart par l’Orchestre des Champs-Élysées avec Mari Eriksmoen, Eva Zaïcik, Ilker Arcayürek et Samuel Hasselhorn ou encore un récital de Sabine Devieilhe et Mathieu Pordoy.
Le détail de la saison de l'Opéra de Dijon sera dévoilé sur le site de l'établissement à partir de ce 15 mai.
11 mai 2023 | Imprimer
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