
La saison 2025-2026 de la Monnaie de Bruxelles fera le trait d’union entre le mandat de Peter de Caluwe et celui de Christina Scheppelmann qui lui succédera. Cette saison sera l’occasion de revoir plusieurs productions emblématiques (notamment empêchées ces dernières années) et de redécouvrir des œuvres fortes rarement données à la Monnaie.
Après près de 20 ans à la tête du Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles, Peter de Caluwe quittera ses fonctions de direction cette année, pour les céder à Christina Scheppelmann qui lui succédera. La saison 2025-2026, que le Théâtre prend soin d’écrire avec un tiret qui trace un « trait d’union » entre les deux années et les deux responsables (comme pour faire mentir les rumeurs de tensions entre les deux dirigeants), a donc été composée à quatre mains et elle fait figure de transition : Peter de Caluwe semble dresser un bilan quand Christina Scheppelmann tend manifestement davantage à regarder vers l’avenir – tout en intégrant manifestement les contraintes budgétaires de la maison (on se souvient notamment de la Tétralogie de Romeo Castellucci interrompue en cours de route du fait de son ambition, avant d’être achevée par Pierre Audi).
L’héritage de Peter de Caluwe
Fort du symbole, la saison 2025-26 de la Monnaie s’ouvrira avec Falstaff – « les adieux de Verdi à la scène », mais « abordés dans un esprit de compréhension et de bienveillance amusée », dixit Peter de Caluwe. La production, confiée à Laurent Pelly, aurait dû être inaugurée fin 2020. La pandémie de Covid en décidé autrement et elle sera donc « reprise » à partir du 21 septembre prochain, dirigée le directeur musical la maison bruxelloise Alain Altinoglu. La production sera l’occasion de découvrir le premier Falstaff du baryton Sir Simon Keenlyside, aux côtés de Lionel Lhote et Bogdan Volkov, ainsi que Sally Matthews et Daniela Barcellona.
La maison bruxelloise reprend deux autres productions (partiellement) empêchées par la pandémie. D’abord Norma qui reviendra en décembre prochain, et que Peter de Caluwe intègre pour « clôturer (s)a programmation avec une œuvre qui (...) incarne la nature intrinsèque du genre opéra (et) marque l’apothéose du chant lyrique ». Selon le directeur sur le départ, « l’opéra, qu’on le joue sur scène ou qu’on le vive dans la salle, reste avant tout un rituel vocal », Norma est emblématique du belcanto et « ramene cette forme d’art à sa composante essentielle : la voix ». L’opéra de Bellini est ici repris dans la mise en scène de Christophe Coppens, initialement créée en 2021 avant d’être interrompue par la fermeture des salles de spectacles – le metteur en scène y imaginait une Norma « partagée entre ses convictions et une société rigide et oppressante ». Pour cette reprise, le chef George Petrou accompagnera Sally Matthews de retour dans le rôle-titre qu’elle interprétait déjà à la création de la production, face à Enea Scala en Pollione ou Raffaella Lupinacci en Adalgisa.
La programmation bruxelloise se complète avec le retour de Tosca dans la sulfureuse production de Rafael Rodríguez Villalobos inspirée par Pasolini – partiellement empêchée également lors de sa création en 2021. La reprise clôturera la saison en juin et juillet 2026 avec Jordan de Souza en fosse et une double distribution emmenée par Leah Hawkins et Vanessa Goikoetxea dans le rôle-titre face au Cavaradossi de Stefano La Colla et Atalla Ayan et au Scarpia de Lucio Gallo et Aleksei Isaev.
Inauguration de mandat pour Christina Scheppelmann
Dans cette saison de transition, Christina Scheppelmann inaugurera son mandat début 2026 avec Benvenuto Cellini de Berlioz – ouvrage n’ayant encore jamais été donné à La Monnaie. Cette nouvelle production, « associant intensité émotionnelle et pur divertissement », est confiée au metteur en scène Thaddeus Strassberger et sera dirigée musicalement par Alain Altinoglu. « L’exubérance scénique et musicale » fait écho à une distribution alléchante : John Osborn interprétera le rôle-titre (qu'il a déjà chanté sur de nombreuses scènes, notamment à Paris), avec la basse belge Tijl Faveyts qui incarnera pour la première fois Giacomo Balducci, mais aussi Jean-Sébastien Bou ou Ruth Iniesta.
Christina Scheppelmann fait aussi venir Calixto Bieito à Bruxelles pour mettre en scène Idoménée, roi de Crète : dans l’opéra de Mozart, Idomeneo est tiraillé entre son obéissance aux lois divines et l’amour paternel qu’il porte à son fils. Pour sa production, le metteur en scène trouve l’inspiration dans le mythe du labyrinthe crétois du Minotaure pour mieux perdre le rôle-titre dans un labyrinthe mental de contradictions. La partition sera confiée à Enrico Onofri, un chef mozartien chevronné, alors que Joshua Stewart en Idomeneo et Gaëlle Arquez en Idamante se partageront la scène.
Création et opéra contemporain
La Monnaie reste également fidèle sa politique de création. La maison belge reprend d’abord Ali, opéra de Grey Filastine, Walid Ben Selim et Brent Arnold, inspiré de l’histoire vraie d’Ali Abdi Omar et de sa migration depuis la Somalie jusqu’en Belgique. L’ouvrage avait fait l’objet d’une création mondiale en 2024 au KVS (le Théâtre Royal Flamand de Bruxelles), il sera repris en octobre prochain cette fois dans la Grande Salle de la Monnaie – avec Sanele Mwelase dans le rôle-titre, Raphaële Green et Michael Wilmering.
L’institution bruxelloise a par ailleurs commandé un nouvel opéra au compositeur Iain Bell : Medusa revisite le mythe de la gorgone Méduse sur un livret de Lydia Steier, qui signe également la mise en scène de la création. Dans l’opéra de Iain Bell, Méduse n’est pas le monstre du mythe, elle y est « une femme puissante qui assume son rôle protecteur et finit par se sacrifier pour Persée et Danaé », sur une partition soulignant « les états d’âme du personnage principal, renforçant ainsi l’impact émotionnel et dramaturgique de l’œuvre ». L’ouvrage fera l’objet d’une création à la Monnaie en mai 2026, avec Olga Peretyatko dans le rôle-titre.
Le détail de la saison 2025-2026 de La Monnaie, avec ses opéras mais aussi ses concerts et récitals, est disponible sur le site de la maison bruxelloise.
publié le 26 avril 2025 à 09h52 par Aurelien Pfeffer
26 avril 2025 | Imprimer
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