Mise à jour (25 avril 2020) : le 25 avril, les organisateurs du festival précisent que « compte-tenu de la situation sanitaire en France et de l’impossibilité de garantir la sécurité sanitaire des publics, des artistes, et des personnels techniques et administratifs, le conseil d’administration du Festival, réuni ce jour, a validé la proposition du directeur de procéder à l’annulation de l’édition 2020. » Le Festival ne se tiendra donc pas du 10 au 30 juillet comme initialement prévu.
Pour autant, Jean-Pierre Rousseau et l'équipe du Festival « n’entendent pas renoncer à la présence du Festival cet été sur les ondes ». Le Festival entretient des liens étroits avec Radio France, France Musique ou France Culture, en conséquence, « les millions d’auditeurs qui suivent le festival en France et dans le monde grâce au service public, pourront retrouver les grandes heures du Festival ». Et de préciser que « de nouveaux rendez-vous » sont imaginés « sur les réseaux pour un Festival autrement ».
Et à plus long terme, plusieurs des grands projets préparés pour 2020 seront reportés à l’édition 2021, notamment en matière d’opéras et de concert.
« Musique en Méditerranée », tel est le thème retenu par la 36ème édition du Festival de Radio France et Montpellier qui se tient cette année du 10 au 30 juillet dans la cité languedocienne, mais aussi dans soixante autres communes de la Région Occitanie. En tout, 165 concerts sont prévus, dont 80 % entièrement gratuits.
Parmi les temps forts du festival, on retient particulièrement la résurrection de Bacchus, un opéra de Jules Massenet qui n’a pas été rejoué depuis sa création à l’Opéra de Paris en mai 1909. De fait, cette œuvre qui fut écrite comme une suite à son précédent opéra Ariane, constitue son plus grand échec public. Il revient à Jean-François Borras d’incarner le rôle-titre, tandis que notre soprano dramatique national Catherine Hunold revêt les habits d’Ariane. Ils sont entourés par Virginie Verrez (La Reine Amahelli), Nicolas Courjal (Le Révérend), Jérôme Boutillier (Mahouda), Jean-Gabriel Saint-Martin (Ananda), Sébastien Droy (Pourna), Florie Valiquette (Kéléyi) et Philippe-Nicolas Martin (Silène). Le chef danois Michael Schonwandt dirige l’Orchestre National Montpellier Occitanie ainsi que le Chœur de la Radio Lettone (le 25 juillet).
Autre moment lyrique très attendu, Fedora (1898) d’Umberto Giordano, qui marque la troisième venue au festival de la soprano star Sonya Yoncheva (après Siberia du même Giordano en juillet 2017, et Iris de Mascagni). Elle vient accompagnée par son mari, le chef suisso-vénézuélien Domingo Hindoyan (placé à la tête de la phalange montpelliéraine), et par son frère, le ténor bulgare Marin Yonchev (dans le rôle de Désiré). Le ténor américain Charles Castronovo incarne Le Comte Loris Ipanoff, aux côtés de Jodie Devos en Comtesse Olga Sukarew, Daniel Boaz (De Siriex) et Jérôme Boutillier dans le rôle de Cirillo (le 17 juillet). A propos de l’ouvrage, Sonya Yoncheva écrit « « Fedora est un personnage qui me touche beaucoup. Elle est une femme désespérément amoureuse, d'une manière russe et slave, ce qui m'intéresse aussi car je suis slave. Cette pièce apporte une nouvelle couleur à mon répertoire. Elle contient l'un des duos d'amour les plus incroyables jamais écrits, la scène avec Loris concluant le deuxième acte et une magnifique fin. Je pense qu'en écrivant la scène finale avec la mort de Fedora, Giordano a été en quelque sorte touché par le divin ! J'ai tellement hâte de revenir à Montpellier avec cet autre opéra vériste qui - comme Iris et Siberia - n'est pas joué très souvent. On peut le considérer comme une rareté, mais c'est un véritable bijou d'opéra ! »
Le troisième ouvrage lyrique est une curiosité autant qu’une rareté car il est interprété en occitan ! Originaire de Narbonne, ville où se déroule le concert (le 21 juillet), Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville a composé sa pastorale languedocienne Daphnis et Alcimadure en 1754. Inspirée d’une fable de Jean de La Fontaine, l’œuvre raconte, en langue d’Oc, l’histoire gaie et légère du berger Daphnis, obligé de prouver son amour à la jeune Alcimadure, peu convaincue de sa sincérité. L’ouvrage réunit, sous la baguette de Jean-Marc Andrieu (à la tête de l’Ensemble Les Passions et du Chœur de chambre Les Eléments), le ténor François-Nicolas Geslot dans le rôle de Daphnis et la soprano Anaïs Constans dans celui d’Alcimadure. Deux autres solistes les accompagnent : Hélène Le Corre en Isaure et Fabien Hyon en Jeanet.
De nombreux concerts « vocaux » sont également à l’affiche, desquels se détache le projet Mozart, « Une Messe par amour », mêlant sa Messe en Ut avec des musiques de Haydn, Bruckner ou encore Schubert. Ce concert original réunit Sabine Devieilhe et son mari Raphaël Pichon (à la tête de son Ensemble Pygmalion), mais aussi Lenneke Ruiten, Linard Vrielink et Christian Immler (le 27 juillet). De leur côté, la talentueuse soprano italienne Francesca Aspromonte et le chef argentin Leonardo Garcia Alarcon ont eu l’idée d’un projet nommé « Amore siciliano », une « création qui s’apparente à un mini-opéra dont le point de départ est une chanson populaire. Elle raconte l’histoire de la belle Cecilia à qui un noble propose la liberté de son amant emprisonné en l’échange de services amoureux. À cette intrigue s’agrègent pièces de compositeurs et musiques populaires pour un spectacle ardemment méditerranéen mené par les voix de la Cappella Mediterranea » (le 22 juillet). Enfin, notons le concert du 23 juillet, à la Cathédrale Saint-Pierre de Montpellier, qui donne à entendre des Leçons de Ténèbres de quatre compositeurs du XVIIème siècle (Carrissimi, Bouzignac, Bertali et Allegri). Elles sont défendues par l’excellent Vincent Dumestre à la tête de son Poème Harmonique, ainsi que des artistes comme Zachary Wilder, Virgile Ancely, Agathe Peyrat, Floriane Hasler, Renaud Delaigue, Paul-Antoine Benos-Djian, Antonin Rondepierre et Nicholas Scott.
Bref, il y en a pour tous les goûts à la 36ème édition du Festival de Radio France & Montpellier, dont on peut consulter tous les détails sur le site officiel de la manifestation.
3 avril 2020. La programmation du Festival de Montpellier est présentée début avril 2020, alors qu’une partie du monde est confrontée à la pandémie de Covid-19, imposant des mesures de confinement et des interdictions de rassemblement. Malgré le contexte sanitaire, le directeur du Festival de Radio France & Montpellier Jean-Pierre Rousseau affirme alors « l'annulation du Festival de Radio France & Montpellier n'est pas à l'ordre du jour ». On l’évoque par ici.
25 avril 2020
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