Informations générales
- Nom de la maison d'opéra :Théâtre Royal de La Monnaie - De Munt.
- Ville Pays :Bruxelles Belgique
- Localisation :Rue Léopold 4 Afficher la carte
- URL du site internet officiel :http://www.lamonnaie.be/
Description
Comme tous les hauts lieux lyriques européens, le Théâtre royal de la Monnaie a un riche passé qui mérite bien la passion et la justesse de ton avec lesquelles J. Verbeek, l'attaché de presse de la maison, le raconte.
Inaugurée en 1700 avec Arys de Lully, à l'initiative de l'Italien Gio-Franco Bombarda, trésorier du gouverneur Maximilien de Bavière, la première salle destinée à l'opéra fut construite sur les ruines de l'hôtel Ostrevant où se frappait… la monnaie, et qui avait été touché lors du bombardement de Bruxelles par les troupes du maréchal de Villeroi. En 1810, Napoléon Ier décida la construction d'une nouvelle salle, qui vit le jour en 1819, sous Guillaume Ier, durant l'occupation hollandaise. Le projet de l'architecte Damesne fut accepté, et l'emplacement choisi fut celui de l'ancien couvent des Dominicains (plus précisément le jardin et le cimetière de celui-ci), juste derrière la première salle dont la démolition permit de dégager la totalité de la place de la Monnaie.
C'est de cette salle que, au son du duo «Amour sacré de la patrie », extrait de La Muette de Portici, d'Aubert, partit la révolution de 1830 qui mena à l'indépendance de la Belgique.
Au cours du XVIIIème siècle, et pas seulement sous la direction de Charles Favart, les répertoires français et italien dominèrent la programmation; Blaise, Grétry, Gluck, Monsigny, Phildor, Rameau furent joués.
Dès 1822, cette salle fut graduellement éclairée au gaz d'éclairage. Le matin du dimanche 21 janvier 1885, pendant que l'on plantait le décor du Prophète de Meyerbeer, un incendie éclata et la détruisit complètement, seuls les murs restèrent debout! (Deux machinistes et un pompier moururent dans les combles, asphyxiés par la fumée.)
Un an après, une troisième salle - l'actuelle - vit le jour sur des plans établis par Poelaert. L'extérieur du bâtiment, quoique ayant souffert de l'incendie, n'eut pas à être reconstruit entièrement. Lors de sa restructuration, le fronton fut orné d'un groupe sculptural d'Eugène Simonis sur le thème «L'Harmonie des passions humaines ».
Agencée selon le modèle français, avec des rangées de balcons et de loges, dans l'apparat le plus somptueux du style Louis XIV, quelque peu revu par le goût de l'époque, la salle harmonieusement disposée, avec sa coupole ovale tangente à l'encadrement de la scène, peut recevoir 1100 spectateurs. L'or des boiseries et des stucs contraste avec le velours rouge des fauteuils. Des tonalités plus claires agrémentent la peinture de la coupole, où figurent arcades et portiques, profilés sur un fond de ciel parmi les allégories de la Belgique et des arts qu'elle protège.
« Plus tard, le rideau à guillotine de la scène, décoré de draperies en trompe-l'oeil, sera remplacé par un rideau de velours rouge s'ouvrant et se soulevant en deux parties égales, qui achèvera de parfaire la somptuosité du cadre. L'électricité apparut pour la première fois en 1856, dans l'acte du cloître de Robert le Diable, mais le théâtre ne bénéficia de cette « nouvelle lumière" qu'entre 1887 et 1893. La machinerie (qui datait de 1856) et l'éclairage électrique furent modernisés en 1953, de même que les jeux d'orgue qui passèrent de 36 à 140 circuits (aujourd'hui 300) ! ».
À dater de sa reconstruction, l'importance artistique du Théâtre royal de la Monnaie fut considérable et il connut un immense succès. En 1875 Stoumon et Galabresi reprennent sa direction. A quelques mois d'intervalle, toutes les œuvres qui avaient eu du succès à Paris étaient jouées, même celles des compositeurs français qui n'arrivaient pas à se faire entendre dans leur capitale. C'est la raison pour laquelle un grand nombre de créations mondiales ont eu lieu à Bruxelles : Hérodiade de Massenet (1881), Sigurd de Reyer (1884), Gwendoline de Chabrier. Jocelyne et La Vivandière de Godard (1888 et 1893), Salammbô de Reyer, Fervaal et L'Étranger de d'Indy (1903), Le Roi Arthur de Chausson (1903) ; Carmen accueilli avec dédain à Paris fit un triomphe à Bruxelles. Strauss, Wagner, Leoncavallo furent également joués, et Strauss vint en personne diriger Le Chevalier à la rose, avec les trois interprètes féminines de la création. Ces succès doivent être attribués à la direction qui passe, à partir de 1900, à Rufferath et Guidé qui devaient la conserver jusqu'à la guerre de 1914 et accroître encore le prestige de la Monnaie.
Après deux ans d'occupation allemande, de 1916 à 1918, le pianiste et chef d'orchestre Corneil de Thoran prit la direction du Théâtre royal de la Monnaie, et son règne devait durer jusqu'en 1953. Créations mondiales et premières francophones se succédèrent durant cette période ; entre autres, citons des œuvres de Stravinski, Berg, Britten, Prokofiev, Milhaud, Honegger ...
Une période plus faste sur le plan du chant a été ouverte par le ténor Rogatchevsky, directeur de 1953 à 1959. Il forma une troupe brillante avec laquelle se produisaient les grands chanteurs de la tradition française.
Puis, en 1959, la direction dynamique de Maurice Huisman apporte un nouvel élan puisque, non content d'accueillir Maurice Béjart qui fonde les Ballets du XXème siècle, et le chef d'orchestre André Vandernoot, il crée aussi de nouvelles structures destinées à doter l'Opéra d'une troupe de jeunes chanteurs: l'Opéra-Studio.
En 1981, Gérard Mortier, ex-chef de la programmation des orchestres de Cologne, Francfort, Hambourg, et conseiller technique à la programmation de l'Opéra de Paris, prend en main les destinées de la maison. Il nomme Sir John Pritchard directeur musical, Sylvain Cambreling chef permanent, et Gilbert Defio metteur en scène attitré. En 1992, Bernard Foccroulle prend la tête de la maison bruxelloise avant que Peter de Caluwe ne lui succède.
Gérard Mortier veut donner un nouveau rôle culturel à l'opéra: « Donc, il s'agit pour les hommes de culture de redéfinir l'art, mais de façon que le public, le peuple recommence à reconnaître les codes et qu'il détruise ce fossé qui existe entre la création contemporaine et sa perception par le public. [...] Aujourd'hui c'est l'opéra qui remet en valeur les mythes, la foi, tout ce qu'on est en train de perdre. »
Son orientation artistique est fondée sur le refus du vedettariat et sur un travail approfondi des œuvres. Les créations ne sont pas absentes (La Passion de Gilles de Boesmans en 1983, Das Schlass de Laporte en 1986), les coproductions non plus : Lucio Silla de Mozart (direction Sylvain Cambreling, mise en scène Patrice Chéreau, avec la Scala de Milan et le Théâtre des Amandiers de Nanterre), Le Martyre de Saint-Sébastien avec la Scala et le Salzburger Festspiele. Il faut souligner le travail remarquable de Karl Ernst Herrmann qui a fait ses débuts comme metteur en scène au Théâtre royal de la Monnaie en 1982 (La Clemenza di Tito). Depuis, ses productions font l'objet d'éloges et d'admiration de la part du monde lyrique international (La Traviata, Don Giovanni, La Finta Giardiniera, et Orfeo ed Euridice). Le Théâtre de la Monnaie a présenté Wozzeck, Capriccio, Katia Kabanova à Paris, La Finta Giardiniera à Salzbourg, à Vienne et à Berlin-Est, Cosi fan tutte à Vienne, Falstaff au Festival d'Aix-en-Provence. Cette scène est actuellement considérée comme une des meilleures d'Europe.
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