Ces opéras à ne pas rater pour la rentrée

Xl_operas-a-ne-pas-rater-a-la-rentree-2024 © Opera Online

L’été et les festivals lyriques estivaux s’achèvent. La rentrée est là, les maisons d’opéra rouvrent leurs portes et commencent à donner le coup d’envoi de la saison 2024-25. Quels sont néanmoins les opéras à ne pas rater en cette rentrée 2024 ? Plutôt des spectacles légers et enjoués ou de grandes œuvres d’envergure ? Des grands classiques du répertoire ou des ouvrages rares à (re)découvrir ? Ou peut-être des opéras contemporains résolument ancrés dans leur époque ? Sélection (forcément) subjective et non exhaustive.

La Liberazione di Ruggiero dall’isola d’Alcina à Ambronay

On connait l’Alcina de Haendel créé en 1735. On sait moins qu’un siècle plus tôt, Francesca Caccini s’était emparée du même sujet pour composer La Liberazione di Ruggiero dall’isola d’Alcina qu’on présente aujourd’hui comme le premier opéra signé d’une compositrice. Créé en 1625 suite à une commande de Marie-Madeleine d'Autriche, l’ouvrage repose sur la confrontation de deux sorcières : l’envoutante Alcina qui transforme ses amants en plantes exotiques pour les collectionner dans son jardin et la moraliste Melissa qui entend sauver l’âme de Ruggiero – la sage figure de Marie-Madeleine d'Autriche.

La Liberazione di Ruggiero dall’isola d’Alcina est aujourd’hui une œuvre rare (malgré de très belles pages notamment dévolues au chœur) et le Festival d'Ambronay invite à la (re)découvrir ce 14 septembre – avant une tournée qui passera par le Capitole de Toulouse, l'Opéra de Lausanne ou l'Opéra Royal de Versailles. Pour défendre l’ouvrage, Emiliano Gonzalez Toro et son ensemble I Gemelli accompagnent notamment Alix Le Saux et Lorrie Garcia dans les rôles des deux enchanteresses.

Les Brigands d’Offenbach à l’Opéra de Paris

L’Opéra de Paris ouvre sa saison avec des reprises de Falstaff et Madame Butterfly affichant de belles distributions et directions musicales. À partir du 21 septembre, on pourra néanmoins découvrir une nouvelle production des Brigands, opéra bouffe joyeusement immoral d’Offenbach. Là aussi, l’œuvre est plutôt rare et, surtout, ici confiée au metteur en scène Barrie Kosky – après la production de Jérôme Deschamps et Macha Makeieff donnée pour la dernière fois sur la scène parisienne il y a plus de trente ans.

Gageons que le metteur en scène australien aura à cœur de jouer avec les protagonistes de l’opéra : des brigands de la bande de Falsacappa ou des argentiers du Prince de Mantoue, les vrais malandrins ne sont peut-être pas ceux que l’on croit. La promesse d’un début de saison enjoué et vibrionnant à l’Opéra de Paris, défendu par une jeune distribution francophone.

La Force du Destin à l’Opéra Orchestre de Montpellier

Est-on maître de sa vie ou soumis aux aléas du destin ? C’est la question posée par Verdi dans La Force du Destin, qui ouvre la saison lyrique de l’Opéra Orchestre de Montpellier. L’institution fait le choix de donner l’ouvrage dans la production de Yánnis Kókkos, dont le travail est régulièrement salué par la critique et qui propose ici une mise en scène sobre et stylisée.

Gageons néanmoins que la fougue de la musique de Verdi sera bien servie par le jeune chef Roderick Cox, qui prend tout juste ses fonctions de directeur musical de l’institution montpelliéraine. On devrait pouvoir compter sur la même jeunesse sur scène : la soprano mexicaine Yunuet Laguna avait fait sensation à Montpellier lors d’un Gala lyrique en fin d’année dernière, elle sera de retour sur cette même scène pour faire sa prise de rôle de Donna Leonora ; à ses côtés, le jeune ténor Amadi Lagha suscite le même enthousiasme et reprendra le rôle de Don Alvaro qu’il chantait déjà avec succès à Toulouse en 2021.

Grounded au Metropolitan Opera (et au cinéma)

Le Metropolitan Opera de New York ouvre dorénavant ses saisons avec un opéra contemporain. Cette année, ce sera Grounded de la compositrice Jeanine Tesori qui entend explorer des sujets de société : Grounded met en scène le cas de conscience de Jess (interprétée par Emily D'Angelo), pilote de chasse de F-16 dans l’armée américaine. Elle tombe enceinte et est affectée dans une base à Las Vegas pour piloter des drones qui frappent à l’autre bout du monde : elle porte la vie et donne la mort. Jeanine Tesori a été primée à plusieurs reprises. Le dilemme moral de Jess doit se déployer dans une « mise en scène high-tech » signée Michael Mayer à base d’écrans LED. La direction musicale est confiée au chef Yannick Nézet-Séguin. Une cuiriosité à découvrir pour qui s'intéresse à l'opéra d'aujourd'hui. 

La première est fixée au 23 septembre à New York. Grounded fait néanmoins l’objet d’une retransmission vidéo, au cinéma à travers le monde le 19 octobre 2024, en direct depuis le Met Opera, dans le cadre du programme Met's Live in HD.

Aida à l’Opéra de Rouen Normandie

Chef-d’œuvre incontournable de Verdi, Aida embarque le public par ses élans épiques. À partir de fin septembre, l’Opéra de Rouen Normandie en donne une production signée du metteur en scène allemand Philipp Himmelmann, étrennée au Festival de Savonlinna en 2022. Il y raconte « l'histoire d'un conquérant et d'une esclave », d’une Aida qui « lutte pour son amour envers et contre tous (...) en quête de vérité dans un monde de violence et de mensonges – jusqu’à la mort ». La production rouennaise pique notamment la curiosité pour la double prise de rôle qu’elle promet : Joyce El-Khoury y chantera sa première Aida et Adam Smith son premier Radames. Ils seront en outre (bien) accompagnés par le chef d'orchestre Pierre Bleuse, à la tête de l'Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie et du Chœur accentus. 

Cette Aida s’inscrit également dans le programme Opéra en direct : la production sera retransmise en direct et gratuitement dans nombre de cinémas normands le samedi 5 octobre à partir de 18h.

Mais aussi...

  • Une Tétralogie de Wagner est toujours un événement pour une maison d’opéra : du 11 septembre au 4 octobre, la Monnaie de Bruxelles poursuit son Ring avec Siegfried mais cette fois confiée au metteur en scène Pierre Audi – faute d’avoir pu concrétiser les ambitions de Romeo Castellucci qui signait les deux premiers opus de la saga wagnérienne. Alain Altinoglu est toujours à la baguette.
     
  • Du 15 au 20 septembre à l’Opéra national du Rhin, retenons aussi l’émouvant Picture a day like this, dernier opéra en date de George Benjamin et Martin Crimp, qui avait marqué les esprits au Festival d’Aix-en-Provence. L’ouvrage sera repris plusieurs fois au cours des mois à venir, en France et en Europe.
     
  • L’Opéra-Comique fait le choix de reprendre l’enthousiasmante production du Domino Noir signée Valérie Lesort et Christian Hecq. La production avait enchanté le public en 2018, puis 2021, elle revient dans une distribution quasi-similaire du 20 au 28 septembre, confiée à la battue experte de Louis Langrée.
     
  • À Toulouse, l’Opéra national du Capitole inaugure sa saison avec une nouvelle production de Nabucco, confiée à Stefano Poda (du 24 septembre au 8 octobre). On le sait amateur de mises en scène toujours très spectaculaires, la distribution est belle et le public répond déjà présent : une représentation a été ajoutée pour répondre à la demande de billets.
     
  • À Nice, la reprise de La Fille de madame Angot fera aussi souffler un vent de liberté et gaieté les 28 et 29 septembre prochains, porté par la direction musicale de Chloé Dufresne et un plateau vocal réjouissant.

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