Dominique Meyer officiellement nommé à la tête de la Scala de Milan

Xl_dominique-meyer-directeur-opera-vienne-devant-nouveau-rideau-scene-peint-peintre-britannique-david-hockney_0_730_486 © DIETER NAGL / AFP

La rumeur le laissait entendre depuis quelques jours et la Scala l’officialise, non sans quelques rebondissements : c'est bien Dominique Meyer, actuellement directeur de l’Opéra de Vienne, qui prendra la tête du Teatro alla Scala de Milan à partir de « mi-2020 », à la suite de l’Autrichien Alexander Pereira en poste depuis fin 2014.

Depuis déjà quelques jours, le quotidien italien la Repubblica se faisait l’écho des indiscrétions de Giuseppe Sala, maire de Milan et président de la Fondation de La Scala, qui évoquait donc la nomination de Dominique Meyer à la tête de l’institution scaligère. Une décision néanmoins confirmée seulement après quelques atermoiements de la part des membres du conseil d'administration de la Scala puisque la non-reconduction d’Alexander Pereira ne s'est pas faite sans heurts – le surintendant bénéficiait en effet de quelques soutiens de poids, à commencer par celui de Cecilia Bartoli avec qui il a partagé la direction du festival de Salzbourg (à Salzbourg, Cecilia Bartoli est directrice artistique du festival de Pentecôte, quand Alexander Pereira dirigeait le festival d’été avant de rejoindre la Scala). Fort de cette proximité, la cantatrice devait notamment animer un cycle Händel à la Scala, d’abord avec une nouvelle production de Giulio Cesare dès octobre prochain, puis ensuite avec deux productions supplémentaires en 2020 et 2021. À l’annonce de la non-reconduction d’Alexander Pereira, Cecilia Bartoli annonçait qu’elle ne participerait pas à la production de Giulio Cesare et rapidement, son nom a été supprimé de la distribution – après néanmoins l’ouverture de la billetterie, suscitant la grogne des premiers acquéreurs de billets. À cette heure, on ignore encore qui la remplacera.

Dans ce contexte, le conseil d’administration de la Scala a donc confirmé la nomination de Dominique Meyer à partir de « mi-2020 », mais a également prolongé le mandat d’Alexander Pereira jusqu’à la mi-2021 – pour mémoire, il avait déjà été « limogé », à peine entré en fonction en mai 2014, avant d’être finalement reconduit dans ses fonctions en février 2015 pour un mandat de cinq ans. Durant une petite année de « transition douce » (c’était une demande des personnels de la Scala), les deux hommes assureront donc une direction conjointe de l’établissement milanais.

Gageons que Dominique Meyer dispose des ressources et de l’expérience nécessaires pour embrasser (sereinement) ses nouvelles fonctions. Il a en effet déjà assuré la direction de l’Opéra de Paris, puis de l’Opéra de Lausanne de 1994 à 1999 avant d’être nommé intendant et directeur artistique du Théâtre des Champs Elysées de 1999 à 2010, où il a notamment côtoyé l’orchestre philharmonique de Vienne. Un contexte favorable qui a contribué à sa nomination comme directeur de l’Opéra de Vienne, qu’il dirige maintenant depuis septembre 2010. Et depuis son arrivée, le directeur peut revendiquer un bilan plutôt positif, puisque la salle viennoise affiche un taux de remplissage approchant les 99% (quelque 610 000 spectateurs par saison) et s’adresse maintenant à un nouveau public grâce aux diffusions en direct de ses productions – Dominique Meyer a développé l’offre numérique de l’Opéra de Vienne, il nous l’expliquait lors d’un entretien filmé. Son mandat n’est pas pour autant exempt de critiques, puisqu’on lui reproche parfois le classicisme de la programmation viennoise (même si faire vivre le répertoire est l’une des missions d’un opéra d’Etat) ou les heurts ayant conduit aux départs consécutifs du chef d’orchestre Bertrand de Billy et du directeur de la musique Franz Welser-Möst en 2014 – pour mieux se concentrer néanmoins sur les exigences sociales de l’ensemble du personnel du Wiener Staatsoper.

On retrouvera donc Dominique Meyer à la tête de la Scala à partir de mi-2020. Pour mémoire, son mandat à l’Opéra de Vienne, dont on savait qu’il n’était pas reconduit, doit arriver à échéance à la fin de l’année prochaine, date à laquelle Bogdan Roscic (président du label Sony Classical) doit lui succéder. La nomination de Dominique Meyer à Milan répond également à une autre question : il ne prendra donc pas la direction de l’Opéra de Paris, alors même qu’il était pressenti pour succéder à Stéphane Lissner, actuellement en poste et lui aussi officiellement non reconduit – la rumeur plaçait en effet Dominique Meyer dans le carré final des prétendants avec Olivier Mantei, Peter de Caluwe, et Alexander Neef, alors qu’il se murmure maintenant que le mandat de Stéphane Lissner à Paris pourrait finalement être prolongé au-delà de son terme en 2021, le temps de lui trouver un successeur (du fait des délais de nomination de ce successeur, on commence à craindre pour le bouclage des prochaines saisons de la « Grande boutique »). Le jeu de chaises musicales des directeurs d’opéra européens n’est peut-être pas terminé.

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