On l’a noté, du fait des contraintes sanitaires actuelles, l’Opéra de Paris a été contraint d’annuler plusieurs des représentations à venir de sa nouvelle production de Faust – dont on espérait qu’elle marquerait un premier retour du public dans les salles de spectacles.
À défaut d’y assister sur place, on se consolera néanmoins avec la captation vidéo du spectacle (réalisée par Cinétévé). L’Opéra de Paris avait évoqué un partenariat avec France Télévisions, il se confirme et la production sera retransmise ce 26 mars prochain, en prime time à 20h55 sur France 5.
Et cette nouvelle production suscite déjà au moins de la curiosité, voire un certain engouement, à plus d’un titre. D’abord parce que la mise en scène est confiée à l'Allemand Tobias Kratzer, dont le travail ne laisse jamais indifférent – on se souvient notamment de son Tannhäuser ovationné à Bayreuth en 2019, mais aussi de sa production de l’Africaine de Meyebeer qui conduisait l’explorateur Vasco de Gama à s’aventurer dans l’espace, de sa lecture de Lucio Silla façon « opéra noir » pour mieux en souligner le sens ou encore son Guillaume Tell aux allures d’Orange Mécanique à Lyon. Pour Faust et ses débuts à Paris, Tobias Kratzer entendl ivrer une réflexion « sur l’obsession pour la jeunesse éternelle de la société contemporaine ». La production devrait s'appuyer sur une « un dispositif scénique élaboré, (...) entre hyperréalisme et magie, entre le monde d’aujourd’hui et l’atmosphère mystérieuse du romantisme allemand ».
On sera assurément curieux de découvrir sa lecture du Faust de Gounod, qui succédera donc à la production parisienne de Jorge Lavelli créé en 1975, puis à celle de Jean-Louis Martinoty, très critiquée à sa création en 2011.
Et on attend cette nouvelle production avec d’autant plus d’impatience qu’elle doit être emmenée par une distribution alléchante. D’abord Benjamin Bernheim dans le rôle-titre : il connait le rôle pour l’avoir déjà interprété à plusieurs reprises (à Chicago ou à Riga en Lettonie) et notamment au Théâtre des Champs Elysées en 2018, dans la version originelle de l’œuvre pour le label Palazzetto Bru-Zane. Une version qui éclaire le rôle de Faust sous un nouveau jour, et dont le chanteur dit qu’elle lui a permis de mieux comprendre le personnage et son humanité. Et sur un plan musical, Faust est « vocalement magnifique », permettant au ténor franco-suisse d’exprimer « toute la palette de couleurs de (s)a voix ». C’est ce que le chanteur confiait récemment dans la série de portraits que lui consacre actuellement France Musique.
Et le rôle-titre sera bien entouré : la très aimée à Paris Ermonela Jaho dans le rôle de Marguerite (qu’elle a étrenné à Helsinki), Christian Van Horn en Méphistophélès (qu’il interprétait déjà le rôle aux côtés de Benjamin Bernheim en 2018 au Lyric Opera de Chicago) ou encore Florian Sempey qui retrouvera le rôle de Valentin (après l’avoir chanté à l'Opéra national d'Amsterdam), accompagnés par l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Lorenzo Viotti et les Chœurs de l’Opéra national de Paris sous la direction de José Luis Basso.
Le plateau vocal promet enthousiasmant un esprit de troupe et sans doute plus encore dans le contexte actuel où les chanteurs sont privés d’activité depuis de longs mois. On prend donc volontiers rendez-vous ce 26 mars à 20h55 sur France 5 pour suivre cette nouvelle production de Faust – depuis son salon.
02 mars 2021 | Imprimer
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