L’English National Opera précise ses projets pour le Grand Manchester

Xl_english-national-opera © English National Opera

Après plus de 50 ans au Coliseum de Londres, l’English National Opera devra se délocaliser à Manchester d’ici 2029. D’ici là, la compagnie d’opéra esquisse quelques-unes de ses premières initiatives mancuniennes : de nouvelles productions d’opéra et des programmes de créations à destinations de tous les publics locaux. 

Depuis plus d’un demi-siècle, l’English National Opera (l’ENO) donne ses productions dans l’emblématique salle du Coliseum de Londres. Fin 2022, l’Arts Council England estimait néanmoins que la vénérable compagnie d’opéra devait quitter la capitale britannique pour contribuer au dynamisme culturel des régions anglaises. À partir de 2029 et aux termes d’âpres négociations, l’English National Opera devra donc s’installer dans le Grand Manchester, sous peine de perdre ses subventions publiques.

En attendant une installation mancunienne en 2029, l’ENO a néanmoins vocation à collaborer dès maintenant avec les institutions culturelles de Manchester. Quelle forme prendra cette coopération visant à mettre l’opéra à la portée de tous les publics régionaux britanniques ? L'ENO en livre une première esquisse : des productions d’opéra plutôt ambitieuses et des initiatives de sensibilisation à destinations des publics locaux.

Des productions d'opéra et des actions culturelles

En vrac, dès octobre de l’année prochaine, les forces de l’ENO donneront par exemple une nouvelle production d’Albert Herring de Benjamin Britten, dans la salle du Lowry à Salford Quays dans le Grand Manchester. En février 2026, l’ENO proposera une version de concert de Così fan tutte au Bridgewater Hall de Manchester, puis en mai de la même année, Angel's Bone, l’opéra contemporain du compositeur américain Du Yun sur un livret de Royce Vavrek (qui puise son inspiration de divers styles musicaux différents). Et en avril 2027, ce sera une nouvelle production d’Einstein on the Beach de Philip Glass. Les deux opéras contemporains seront montés conjointement par les équipes artistiques de l’ENO et le collectif mancunien de la Factory International – qui développe une offre artistique musicale, théâtrale, chorégraphique voire technologique et vidéo ludique ancrée dans l’époque et destinée aux publics d’aujourd’hui. En attendant d’en apprendre davantage sur ces projets (ils se dévoileront progressivement en temps voulu), on retient que l’offre de l’ENO se veut manifestement ouverte et éclectique, peu convenue et plutôt exigeante.

L’institution londonienne y ajoute par ailleurs des collaborations avec les acteurs culturels de Manchester, que ce soit pour sensibiliser les plus jeunes à la musique, l’opéra et la composition dans les écoles ou accompagner les futurs créateurs d’opéras dans le cadre d’ateliers, de programmes de mentorat ou de soutien financier au développement de nouvelles œuvres lyriques.

Premier contact « gênants, voire assez désastreux »

On le sait, les premiers contacts entre les instances de l’English National Oepra et celles de Manchester n’ont pas été très chaleureux – ils étaient jugés « gênants, voire assez désastreux » par les intéressés eux-mêmes. L’ENO avait manifestement des réticences à quitter Londres, alors qu’Andy Burnham, le maire du Grand Manchester, estimait que si l’ENO ne « souhaitait pas venir de son plein gré, mieux valait ne pas venir du tout » à Manchester.

Pour autant, une fois les premières tensions apaisées, les deux acteurs ont manifestement su trouver un terrain d’entente, jusqu’à estimer que ce rapprochement pourrait être bénéfique aux deux parties. Si cette expatriation de l’ENO à Manchester soulève encore des interrogations (notamment quant à la pérennité de l’emploi des effectifs de l’ENO, qui a déjà dû réduire les effectifs de son orchestre), l’offre culturelle de l’institution londonienne à Manchester apparait plutôt ambitieuse et on sera sans doute curieux de découvrir comment les spectateurs locaux s’en saisiront.

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