En Angleterre, l’Arts Council England est en charge du financement public des arts et de la culture et en novembre dernier, l’organisme annonçait une évolution drastique de sa politique : dorénavant, ses subventions seront attribuées afin de promouvoir la culture dans les régions anglaises, et non plus au cœur de Londres. Cette nouvelle politique conduisait donc à une ré-affection de ses budgets, à la hausse pour certaines institutions, à la baisse pour d’autres – incluant plusieurs institutions lyriques. Entre autres dommages collatéraux, l’English National Opera découvrait une perte de l’intégralité de sa subvention annuelle de 12,8 millions de livres sterling, à moins de quitter Londres et de s’installer dans une région anglaise – la compagnie londonienne a finalement pu négocier une reconduction de sa subvention pour l’année 2023 à hauteur de 11,46 millions pour organiser son déménagement, synonyme du maintien d’un financement de 24 millions de livres sur trois ans à partir de 2024.
Depuis plus d’un demi-siècle, l’English National Opera se produisait au London Coliseum avec succès. La compagnie lyrique a néanmoins accepté son sort et en début d’année prochaine, elle devra donc avoir déménagé dans une autre ville britannique – mais où ? La question n’est pas encore tranchée, et plusieurs villes anglaises sont candidates.
Sur les 14 localités initialement envisagées, cinq sont manifestement encore en lice – remplissant notamment la condition impérative d’être suffisamment éloignées de Londres. D’après Stuart Murphy, encore directeur de l’ENO jusqu’à la fin de l’année et dont les propos sont rapportés par le Guardian, « Liverpool, Manchester, Birmingham, Nottingham ou Bristol » pourrait accueillir la compagnie d’opéra dès le début de l’année prochaine. Et à ce stade, Liverpool et Manchester seraient de « solides prétendantes ».
L’ENO devra trouver sa place en région
Le choix est néanmoins loin d’être anodin dans la mesure où la ville de résidence de l’English National Opera déterminera aussi l’offre culturelle de la compagnie : selon Stuart Murphy, « le type d’ENO que vous auriez à Manchester pourrait être très différent de celui que vous auriez à Birmingham ou Liverpool ou Bristol ou Nottingham ». Le directeur souligne qu’il faut en outre compter avec l’offre culturelle déjà présente localement : Manchester fait figure de favorite, mais la ville accueille déjà régulièrement les représentations de l’Opera North (considéré comme la « compagnie lyrique de Manchester ») et celles de l’Hallé Orchestra qui joue pour 120 000 spectateurs chaque année. Même dilemme pour Liverpool où se produit déjà le Royal Liverpool Philharmonic depuis 1853, l’un des plus vieux orchestres symphoniques professionnels britanniques.
Quelle que soit la prochaine ville de résidence de l’English National Opera, la compagnie devra réussir à trouver sa place dans l’offre culturelle locale. De son côté, l’Arts Council England acte que l’ENO devra quoi qu’il en soit « élaborer un projet basé sur un modèle économique et artistique réinventé hors de Londres ». Les 24 millions de livres de budget prévus entre 2024 et 2026 visent précisément à accompagner « la phase de transition » de la compagnie lyrique vers ce nouveau modèle – qui pourrait néanmoins devoir se partager dans un premier temps entre Londres et sa nouvelle ville de résidence.
09 mai 2023 | Imprimer
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