Le mois prochain, la Scala de Milan ouvrira sa nouvelle saison, comme chaque année le 7 décembre, avec une nouvelle production d'Andrea Chénier, l'opéra d'Umberto Giordano, et qui fait d'ores et déjà événement tant par sa distribution que par ses choix artistiques ou sa rareté sur la scène milanaise puisque l'oeuvre n'y a plus été donnée depuis 1985, alors même qu'elle y fut créée en 1896.
Pour cette ouverture de saison, la Scala a fait appel à plusieurs grands noms des scènes lyriques mondiales, à commencer par la soprano russe Anna Netrebko et son mari, le ténor azerbaïdjanais Yusif Eyvazov (qui s'est vu contraint d'abandonner sa barbe brune afin de mieux incarner Andrea Chénier sur la demande du metteur en scène), ou encore Luca Salsi. Ils seront dirigés par le chef Riccardo Chailly qui fêtera en 2018 ses 40 ans de collaboration avec la Scala où il a déjà dirigé dix-huit opéras et dont il est devenu directeur principal en 2015, puis directeur musical en 2016.
On le sait, à la Scala, Riccardo Chailly s'est notamment fixé pour mission de ressusciter les œuvres dans leur version originale, telle qu’imaginées initialement par leur compositeur. Il envisage le même traitement pour Andréa Chénier, qu’il perçoit comme un « drame historique » qui « l'a toujours fasciné par sa beauté et sa complexité musicale ». Pour le directeur musical, l’œuvre repose sur une « partition difficile et dont on sous-estime parfois la complexité », souvent « snobée peut-être par un manque injuste de connaissance » et dans le cadre de cette ouverture de saison, il entend replacer l’œuvre à sa juste place dans l'histoire de la Scala.
Au-delà de la partition d’Andréa Chénier, le directeur musical n’en oublie pas pour autant les voix. Dans un entretien accordé à la presse italienne, Riccardo Chailly se remémore un souvenir de jeunesse, une rencontre à Chicago avec Maria Caniglia et qui évoquait Beniamino Gigli (l’un des interprètes emblématiques d’Andréa Chénier) : le ténor considérait nécessaire de faire évoluer l’interprétation des œuvres véristes, au même titre que les œuvres elles-mêmes faisaient évoluer le genre opératique de l’époque. Aujourd’hui, Riccardo Chailly travaille avec les interprètes de la production pour « trouver une juste synthèse entre le chant moderne et contemporain et le style de la tradition historique » du genre.
Mario Martone sera pour sa part à la mise en scène, mais ce dernier n'a rien laissé filtrer de son projet. Pour autant, le chef d'orchestre livre quelques indiscréations :
"Dans ce travail avec le metteur en scène napolitain, nous souhaitons restituer la dimension spectaculaire (du livret). Nous racontons indubitablement un fait historique, mais en nous appuyant sur l'imaginaire collectif de la Révolution française. Nous essayons aussi de renouveler l'approche visuelle de cette période, en retenant une composante esthétique plus essentielle, plus sèche, en la réinterprétant au travers de la mémoire et de l'esthétique d'aujourd'hui".
Outre l’événement qu’est toujours l’ouverture de saison de la Scala en ce jour traditionnel de la Saint-Ambroise (le saint-patron de Milan), la production est également attendue car elle marque la prise de rôle d’Anna Netrebko dans le rôle de Maddalena – dont elle a déjà chanté quelques extraits pour son disque Verismo. Et ce n'est pas la première fois que la soprano russe ouvre la saison de la Scala, après avoir déjà interprété Giovanna d’Arco de Verdi en 2015, ou chanté dans Don Giovanni de Mozart en 2011.
Comme chaque année, Arte propose une retransmission de la soirée d'ouverture de cette nouvelle production d'Andrea Chenier, le 7 décembre à partir de 22h55 (voir les détails sur le site officiel).
24 novembre 2017 | Imprimer
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