Saison 2024-2025 : grand répertoire et créations à Angers Nantes Opéra

Xl_angers-nantes-opera_saison-2024-2025 © Angers Nantes Opéra

Alain Surrans détaille la saison 2024-2025 d’Angers Nantes Opéra. Fidèle à la tradition de la maison, la programmation fait la part belle à la création et aux découvertes, sans pour autant oublier les grandes œuvres de répertoire, tout en restant toujours très ancré dans son territoire. 

En septembre prochain, Alain Surrans fera valoir ses droits à la retraite et la metteuse en scène Alexandra Lacroix lui succédera comme directrice générale et artistique d’Angers Nantes Opéra. D’ici là, Alain Surrans présente la saison 2024-2025 de l’établissement angevin, forte de plus de 70 levers de rideau articulés autour « d’opéras, de concerts, d’oratorios, de musique baroque, d’opéra-ballet, de danse, de théâtre musical et de voix du monde ».

Grand répertoire : La Traviata et La Flûte Enchantée

Ainsi, parce que le public est en demande d’œuvres de grand répertoire, Alain Surrans proposera deux grands opéras populaires, La Traviata et La Flûte Enchantée.

Pour mettre en scène l’œuvre de Verdi, Angers Nantes Opéra accueillera de nouveau la metteuse en scène Silvia Paoli, qui signait déjà la Tosca donnée dans l’établissement en mai dernier et qui faisait l’objet d’une diffusion sur grand écran pour plusieurs milliers de spectateurs à Angers et Nantes, voici quelques semaines. Cette fois, sa Traviata, dirigée par Laurent Campellone et interprétée en alternance par Maria Novella Malfatti et Darija Auguštan, deviendra « une héroïne condamnée à la solitude », « par une société impitoyable qui ne lui laisse d’autre choix que de se sacrifier ».

Pour La Flûte Enchantée, le metteur en scène Mathieu Bauer embarque Pamina et Tamino, Papageno et Papagena dans un décor de fête foraine, où ils auront vocation à surmonter leurs épreuves initiatiques... dans un train fantôme. Sur scène, on retrouvera notamment Maximilian Mayer et Elsa Benoit en Tamino et Pamina, Damien Pass dans le rôle de l’oiseleur, Nathanaël Tavernier en Sarastro et Florie Valiquette en Reine de la nuit, accompagnés par le jeune chef Nicolas Ellis.

Une rareté, Il piccolo Marat

Si l’on connait aujourd’hui Pietro Mascagni pour Cavalleria rusticana, le compositeur signe plusieurs opéras qui se font plus rares sur les scènes lyriques, parmi lesquels Il piccolo Marat (le Petit Marat) qu’Angers Nantes Opéra ressuscite en version de concert (dans une mise en espace signée Sarah Schinasi).

L’ouvrage trouve son inspiration dans un épisode sinistre de l’histoire de Nantes. Sous la Terreur, entre novembre 1793 et février 1794, la Compagnie Marat s’était illustrée en noyant aristocrates et membres du clergé dans la Loire. Alain Surrans entend faire redécouvrir cette œuvre inconnue en France, que Mascagni définissait lui-même par sa puissance d’évocation : « Il piccolo Marat est fort, il a des muscles d’acier. Sa force est dans sa voix : il ne parle pas, il ne chante pas, il hurle ! Hurle ! Hurle ! J’ai écrit un opéra qui a les poings serrés, à l’instar de mon âme. N’y cherchez ni mélodie, ni culture ; il n’y a que du sang. C’est l’hymne de ma conscience ». Sur scène, le rôle-titre sera interprété par Samuele Simoncini, tentant de sauver sa mère (sous les traits de Sylvia Kevorkian) des griffes de l’infâme Orco (par Andrea Silvestrelli) avec l’aide de Rachele Barchi en Mariella.

Et des créations

Angers Nantes Opéra cultive aussi une solide tradition de création et cette saison 2024-2025 n’y déroge pas : Alain Surrans annonce trois nouvelles œuvres, à commencer par La Falaise des Lendemains, une commande conjointe d’Angers Nantes Opéra et de l’Opéra de Rennes à Jean-Marie Machado. Le compositeur et improvisateur « signe un premier opéra imprégné de réalisme poétique et de fantastique ». Le compositeur, pianiste et improvisateur puise son inspiration musicale dans le jazz et la culture bretonne (le livret est écrit en français, anglais et breton) pour concevoir une œuvre au « réalisme poétique à la Marcel Carné ». Jean Lacornerie assurera la mise en scène de cette création – après avoir déjà signé celle de La Chauve‑souris la saison dernière.

Ensuite, Baùbo, de l’art de n’être pas mort est présenté comme une expérience de théâtre musical – les comédiens et comédiennes de la compagnie La vie brève chantent et jouent de leurs instruments. Musicalement, l’ouvrage repose sur une transcription de pages de Heinrich Schütz pour instruments d’aujourd’hui, signée du compositeur Pierre-Antoine Badaroux. De son côté, la metteuse en scène Jeanne Candel se focalise sur la figure de Déméter, à qui sa fille Perséphone a été arrachée, et qui croise Baùbo, vieille femme qui va redonner le sourire à la déesse.

Enfin, Messe pour une planète Fragile prend des allures de « plaidoyer pour la survie de notre monde » signé de la poétesse sud-africaine Antjie Krog. La Compagnie Frasques emmenée notamment par le compositeur Guillaume Hazebrouck et le metteur en scène Guillaume Gatteau (qui signaient déjà Les Sauvages avec des jeunes de quartiers prioritaires) réunit ici un grand chœur de jeunes Nantais associés au Chœur d’Angers Nantes Opéra, et à la chanteuse Nayel Hóxò pour mener « une réflexion collective sur notre présent et notre futur ». Les jeunes ayant participé aux Sauvages sont de nouveau de la partie, et seront rejoints par les élèves de plusieurs collèges nantais.

Angers Nantes Opéra revendique un solide ancrage dans son territoire – et au-delà. On le perçoit au travers des œuvres qui font écho à l’histoire de la région, on constate d’autant plus dans l’implication des populations locales dans la « démocratie culturelle » de la maison dans le cadre de cette Messe pour une planète Fragile, mais aussi dans les concerts participatifs Ça va mieux en le chantant ou les concerts Voix du monde qui brassent un public éclectique. Des choix de programmation manifestement soutenus par les métropoles de Nantes et d’Angers, puisque les subventions de la maison angevine ont été augmentées de plus de 500 000 euros. De quoi aborder la prochaine sereinement – dont on trouve le détail sur le site d’Angers Nantes Opéra.

publié le 25 juin 2024 à 07h06 par Aurelien Pfeffer

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