À partir de ce 29 mars, le Metropolitan Opera redonne Luisa Miller, l’opéra de Verdi, pour la première fois depuis 2006. Pour l’occasion, la maison new-yorkaise ressuscite sa production mise en scène par d’Elijah Moshinsky – qui avait manifestement peu marquée les esprits lors de sa création en 2001, que la critique d’alors avait qualifiée de « version de concert en costume » du fait d’une direction d’acteurs peu inspirée. Pour autant, la production transpose l’œuvre dans la campagne anglaise à l’époque victorienne (en lieu et place du village tyrolien du XVIIème siècle du livret original de Salvatore Cammarano, librement adapté de la pièce de Schiller), avec l’ambition de souligner les enjeux sociaux de lutte de classes imaginés par le compositeur et son librettiste – la jeune Luisa est éprise de Rodolfo, héritier du comte Walter qui a promis son fils à la duchesse Federica, alors que les deux jeunes amants seront contraints de renoncer à leur amour par devoir familial avant de se retrouver dans la mort.
Mais si cette reprise du 29 mars au 21 avril est tout particulièrement attendue, c’est surtout pour sa distribution, notamment emmenée par Sonya Yoncheva. Non seulement, la soprano bulgare y interprète le rôle-titre pour la première fois (les prises de rôle suscitent toujours une certaine curiosité, d’autant plus qu’ici, c’est la seconde prise de rôle de la cantatrice en quelques mois après avoir ajouté le rôle de Tosca à son répertoire en début d’année, déjà sur la scène Met de New York), mais aussi parce que son interprétation du rôle s’annonce saisissante au regard de ce qu’on a déjà pu en entendre. Le mois dernier, Sonya Yoncheva sortait son dernier album en date, The Verdi Album, et y intégrait un premier extrait de Luisa Miller, avant de l’interpréter aussi sur scène, début février dernier, en récital à l’Opéra des Nations de Genève.
Et l’affiche est d’autant plus attractive qu’aux côtés de Sonya Yoncheva, on retrouve aussi le ténor polonais Piotr Beczala qui fera là ses débuts sur la scène du Met dans le rôle de Rodolfo (qu’il connait bien pour le chanter depuis déjà quelques années), ainsi que Placido Domingo (en alternance avec Luca Salsi qui interprète le rôle le 18 avril). Et lui aussi s’offre une prise de rôle : après plus de cinquante ans de carrière (notamment fêtés l’année dernière au Met), le ténor devenu baryton Placido Domingo continue d’ajouter de nouveaux rôles à son répertoire au gré des évolutions de sa voix et interprètera donc pour la première fois sur scène le rôle de Miller, le père de Luisa.
Cette double prise de rôle dans Luisa Miller fait figure d'événement et doit permettre à Sonya Yoncheva d'inscrire son nom dans la (courte) liste d'interprètes ayant endossé le rôle de Luisa Miller au Metropolitan (après notamment Montserrat Caballé, Adriana Maliponte ou Renata Scotto dans les années 60 et 70, ou plus récemment Sondra Radvanovsky et Barbara Frittoli, entre autres).
Un événement qu’il sera possible de voir en France à l'occasion de la représentation du 14 avril prochain, qui sera retransmise dans les cinémas Pathé et partenaires, dont on trouve la liste détaillée à cette adresse.
29 mars 2018 | Imprimer
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