Le Festival de Grange Park Opera gagne en envergure d’année en année et, pour la première fois de son histoire, proposera une Tétralogie de Wagner complète, donnée entre 2026 et 2029.
On connait l’histoire de la compagnie Grange Park Opera. Après dix ans passés à la City de Londres pour concevoir des systèmes informatiques destinés à la finance, Wasfi Kani revenait à ses premières amours : la musique et l’opéra, d’abord au Garsington Opera d’Oxford puis surtout en fondant sa propre compagnie d’opéra en 1998, Grange Park Opera. La compagnie a pris de l’ampleur, jusqu’à ce que Wasfi Kani s’attelle à construction de son propre théâtre de 700 places (le Theatre in the woods) au cœur de la campagne britannique des Surrey Hills – la première nouvelle maison d’opéra d’Angleterre du XXIe siècle. À ce jour, Grange Park Opera a monté plus de 80 productions d’opéra, accueilli quelque 300 000 spectateurs et le festival s’impose aujourd’hui comme un rendez-vous incontournable de l’été lyrique britannique.
Et comme pour signifier l’ampleur prise par le festival, Grange Park Opera annonce pour la première fois depuis sa création, la production d’une nouvelle Tétralogie de Wagner – au regard de l’envergure monumentale de l’œuvre de Richard Wagner, c'est toujours un événement pour une maison d'opéra ou un festival. Cet Anneau du Nibelung sera ainsi donné sur quatre saisons, à raison d’un opéra par an : L'Or du Rhin en 2026, La Walkyrie en 2027, Siegfried en 2028 et Le Crépuscule des Dieux en 2029.
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Cette Tétralogie sera confiée au metteur en scène Charles Edwards, wagnérien passionné depuis l’adolescence, et qui signait déjà la production de Tristan et Isolde du festival en 2023. Sur le podium, le chef wagnérien Anthony Negus accompagnera une distribution britannique emmenée par James Rutherford et Christine Rice en Wotan et Fricka, aux côtés de David Stout en Alberich, Rachel Nicholls en Freia (puis Brünnhilde pour le reste du cycle) ou encore Matthew Rose et David Shipley en Fasolt et Fafner, et Nicky Spence en Loge.
Ce cycle du Nibelung prend néanmoins une dimension particulière dans le contexte actuel de l’offre lyrique britannique. On se souvient que l’English National Opera devait également monter un Ring, en coproduction avec le Metropolitan Opera de New York, avant que le projet ne soit abandonné suite aux pertes de subventions publiques de la compagnie londonienne – les deux maisons d’opéra refusaient alors de « prendre le risque » de monter une œuvre d’une telle envergure. Grange Park Opera existe grâce au mécénat (sans financement publique) et prend ce risque de monter un Ring complet. C’est sans doute significatif des conséquences très concrètes de la baisse des subventions octroyées au spectacle vivant outre-Manche.
publié le 21 mai 2024 à 14h45 par Aurelien Pfeffer
21 mai 2024 | Imprimer
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