Samedi matin, comme de coutume durant son festival annuel, l’Opéra national de Lyon tenait une conférence de presse afin d’annoncer sa prochaine saison. Une première pour Richard Brunel, nouveau directeur de la maison lyonnaise, pour qui succéder à Serge Dorny est « un défi et un honneur ». Cette annonce de saison était également l’occasion d’annoncer que Daniele Rustioni, actuel chef principal de la maison, était nommé directeur musical de l’Opéra de Lyon, s’inscrivant ainsi dans la lignée de John Eliot Gardiner, Iván Fischer, Louis Langrée et Kent Nagano.
Nouvelle fonction pour Daniele Rustioni alors que l’Orchestre de l’Opéra de Lyon fêtera ses 40 ans cette saison, mais aussi nouveaux talents avec l’arrivée de cinq jeunes solistes en résidence permanente au Studio de l’Opéra. Richard Brunel prend le temps de souligner que ces cinq artistes sont issus d’une sélection drastique, puisque l’Opéra à reçu environ 1100 candidatures, du jamais vu. Un engouement qui démontre la volonté et le besoin de travailler après ces dernières saisons malmenées par la crise du Covid.
Après avoir été absent de la scène lyonnaise depuis plus de 50 ans, Tannhäuser ouvrira la saison dans une nouvelle production signée David Hermann. Sous la baguette du maestro des lieux, Simon O’Neil interprétera le rôle-titre face à Liang Li (Hermann), Christoph Pohl (Wolfram von Eschenbach) ou encore Irène Roberts (Vénus). Après Werther (touché par la pandémie) et Manon les années précédentes, le cycle Massenet se clôturera en novembre avec le rare Hérodiade, qui n’a pas été donné à Lyon depuis plus de 60 ans. La production en version de concert sera également donnée au Théâtre des Champs-Elysées, avec Ekaterina Semenchuk dans le rôle-titre, Nicole Car en Salomé, Jean-François Borras en Jean ou encore Nicolas Courjal en Phanuel (rôle qu’il a déjà tenu à Marseille en 2018).
Candide de Bernstein sera donné pour la première fois sur cette scène pour les fêtes de fin d’année, marquant ainsi son entrée au répertoire par cette nouvelle production signée Daniel Fish – à l’origine d’un actuel Journal d’un disparu / L’Amour sorcier à l’Opéra national du Rhin. Paul Appleby incarnera le héro éponyme, tandis que Cunégonde sera interprétée par Brenda Rae, et Maximilian par Sean Michael Plumb. Ce sera à Moïse et Pharaon d’ouvrir l’année en janvier dans la nouvelle production qui sera créée au festival d’Aix-en-Provence cet été. Selon le metteur en scène Tobias Kratzer – à qui l’on doit le superbe Guillaume Tell proposé en 2019 –, l’œuvre évoque la question dialectique sur la gestion des crises humanitaires. L’on pourra compter sur Michele Pertusi et Alex Esposito dans les deux rôles principaux.
Parallèlement à cette production sera donné L’Arche de Noé de Britten au Théâtre de la Croix-Rousse. Cette nouvelle production mise en scène par Silvia Costa – dont on a apprécié le travail dans Like Flesh – permettra d’entendre les solistes du Studio, ainsi que les onze chants de Noël d’A Ceremony of Carols. Sans trop en dévoiler, Richard Brunel explique que ce prélude sera donné à l’extérieur de la salle, afin de faire en sorte que l’entrée dans le théâtre représente l’entrée dans l’arche.
On se souvient également que parmi les productions victimes de la pandémie se trouvait la création de Mélisande, d’après l’œuvre de Debussy. Le directeur de l’Opéra en signera donc finalement la mise en scène en février-mars 2023, au Théâtre de la Renaissance, avec Judith Chemla comme cela était initialement prévu en 2021. C’est toutefois Benoît Rameau qui tiendra le rôle de Pelléas, et non plus Benjamin Alunni.
Nous arriverons ensuite à la période du festival, qui aura pour thème cette année « Franchir les portes », ou les seuils. Trois nouvelles productions seront proposées, à commencer par Les Noces de Figaro en coproduction avec la Bayerische Staatsoper, dans une mise en scène imaginée par Olivier Assayas qui devait à l’origine clore la saison 2020. Alexander Miminoshvili sera Figaro, tandis que John Chest et Mandy Fredrich incarneront le couple Almaviva. Le Château de Barbe-Bleue qui avait été capté mais non représenté en public sera lui aussi proposé. On se souvient encore de la mise en scène d’Andriy Zholdak très loin de nous convaincre, de même que son Enchanteresse l’année précédente. Karoly Szemeredy reprendra le rôle de Barbe-Bleue, mais seule Kai Rüütel est annoncée en Judith (Eve-Maud Hubeaux et Victoria Karkacheva ne reprenant donc pas leur rôle). Enfin, espérons une meilleure surprise avec la première en France de La Maison du Crime (Bluthaus), également en coproduction avec l’a Bayerische Staatsoper qui donnera ce spectacle en mai prochain. La mise en scène sera signée Claus Guth – qui a déjà proposé Rodelinda à Lyon en 2018 – et la direction musicale reviendra à Peter Rundel. Quant au plateau, il réunira Hagen Matzeit, Nicola Beller Carbone, Mélissa Petit et Bo Skovhus.
Barbara Wysocka et Elena Schwarz dirigeront scéniquement et musicalement Katia Kabanova en avril et mai, avec Corinne Winters dans le rôle-titre, tandis que la saison prendra fin avec On purge bébé !, un opéra en un acte qui sera créé à Bruxelles en décembre 2022 sur une musique de Philippe Boesmans et un livret de Richard Brunel, également à la mise en scène. Inspiré du célèbre vaudeville de Feydeau, cette production – qui marquera la première en France de l’œuvre – sera portée par Jean-Sébastien Bou, Jodie Devos, Julien Behr ou encore Jérôme Varnier.
Parmi les divers concerts également proposés cette saison, citons le récital Schoenberg / Strauss avec Sara Jakubiak en septembre, ou encore le Requiem de Verdi en juin, avec Anna Pirozzi, Ekaterina Gubanova, Saimir Pirgu et Michele Pertusi.
Ainsi que l’a rappelé Richard Brunel, l’Opéra de Lyon est engagé dans son époque, ouvert à la jeunesse avec plus d’un quart du public âgé de moins de 29 ans. Il entend également promouvoir la création de nouvelles œuvres ainsi que de nouvelles lectures d’œuvres anciennes. Cette saison est donc dans la lignée des précédentes, ponctuée de plusieurs collaborations avec Munich où siège désormais Serge Dorny. Il faudra certainement encore attendre un peu avant de voir la patte du nouveau directeur dans la programmation, mais avant cela, 2022-2023 s’annonce comme une saison de grands retours avec des œuvres absentes depuis longtemps, de découvertes et de nouveautés avec ces nombreuses nouvelles productions et premières en France.
NB : l'ouverture des abonnements se fera ce 12 mai 2022, et celle de la billetterie le 9 juin de la même année.
21 mars 2022 | Imprimer
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