Title
.L.
- Livret
C’est un mot qui vient de l’italien libretto, c’est-à-dire petit livre, et qui désigne le texte littéraire qui va servir de base théâtrale au compositeur d’opéra. Il est le plus souvent écrit par un dramaturge spécialisé dans cette tâche : ainsi Métastase (1698-1782) au 18ème siècle a été le librettiste le plus connu en Europe et il a écrit des livrets pour presque tous les compositeurs de son époque, les dits livrets servant parfois à plusieurs compositeurs successivement. Eugène Scribe (1791-1861) est son équivalent au 19ème siècle ; il a fourni des livrets à Meyerbeer, Halévy, Boieldieu ou Auber mais aussi à Rossini, Bellini, Donizetti et Verdi. Au 19ème siècle, il y a aussi un duo de brillants librettistes français, Henri Meilhac (1830-1897) et Ludovic Halévy (1834-1908) qui passent allègrement de l’opéra à l’opérette, c’est-à-dire des livrets de Carmen (1875) à ceux des grandes opérettes d’Offenbach, La Belle Hélène (1864), La Périchole (1868) ou La Vie parisienne (1866). Il y a aussi des librettistes dont l’excellence les a rendus célèbres à l’égal des compositeurs auxquels ils sont associés : Lorenzo da Ponte (1749-1838), auteur de trois livrets de Mozart, Don Giovanni (1787), Les Noces de Figaro (1786) ou Cosi fan tutte (1790). Je pense aussi à Hugo von Hoffmansthal (1874-1929), le sublime poète associé à Richard Strauss pour Le Chevalier à la rose (1911) mais aussi Elektra (1909), Ariane à Naxos (1916), La Femme sans ombre (1919) ou Arabella (1933). Enfin il y a les compositeurs qui sont à eux-mêmes leurs propres librettistes, de Wagner qui écrivait tous ses livrets à Richard Strauss qui en a écrit quelques-uns, de sa Salomé (1905), à partir de la pièce d’Oscar Wilde, à Capriccio (1942) un opéra qui pose justement la question des rapports de la musique et du livret à l’opéra. Quoi qu’il en soit, le livret peut trouver sa source dans les chefs-d’œuvre de la littérature (Otello, Hamlet, Roméo et Juliette, etc) mais aussi dans un roman à la mode (La Dame aux camélias, Scènes de la vie de bohême, Manon Lescaut, Carmen, etc), ou encore dans un thème métaphysique (Faust), dans un conte de fées, un drame, une farce… A la fin, c’est le compositeur qui est le seul responsable. Dans Capriccio de Strauss s’engage une joute amoureuse entre un poète et un compositeur pour séduire une comtesse, Madeleine. La question est alors posée : parole ou musique, qu’est-ce qui doit prévaloir ? La comtesse Madeleine, incapable de choisir entre ses deux prétendants, n’y répondra pas !