Informations générales
- Nom:Bumbry
- Prénom:Grace
- Date de naissance:04/01/1937
- Date de mort:07/05/2023
- Nationalité:États-unis
- Tessiture:Mezzo soprano
19 janvier 2013
23 janvier 2013
27 janvier 2013
30 janvier 2013
La Comtesse
Wien
Biographie
S’il nous paraît naturel aujourd’hui de voir des chanteuses noires sur une scène lyrique, il faut se rappeler que cela est loin d’avoir toujours été bien accepté. Depuis Marian Anderson (1897-1993), la première d’entre elles à s’être produite sur la scène du Metropolitan Opera de New-York en 1955, plusieurs interprètes noires sont parvenues à vaincre les préjugés les plus contraires au rayonnement universel de la musique, mais ce fut toujours le résultat d’un combat. A l’instar de Leontyne Price ou de Shirley Verret et avant Jessye Norman ou Christiane Eda-Pierre, pour n’en citer que quelques-unes, Grace Bumbry s’est imposée comme une des chanteuses les plus charismatiques du XXème siècle. Tragédienne exceptionnelle, elle a triomphé dans les grands ouvrages de Verdi, prêtant les accents électrisants de sa voix de feu à Lady Macbeth, à la Princesse Eboli, à la bouleversante Azucena ou encore à la cruelle Amneris. Mais c’est une anecdote liée à un rôle particulier et à un lieu particulier qui a donné à Grace Bumbry une notoriété particulière. En 1961, Wieland Wagner, le petit-fils de Richard, engage Grace Bumbry à Bayreuth pour chanter le rôle de Vénus dans Tannhaüser. Immédiatement, le Festival devient le lieu d’une controverse alimentée par l’incompréhension d’une partie du public face à un choix qui bouscule la représentation traditionnelle du personnage. Wieland Wagner décide de clore la polémique au cours d’une conférence de presse où il déclare : « Mon grand-père a écrit pour des couleurs de voix, non pour des couleurs de peau ». Affirmation sans appel qui redonne les pleins pouvoirs à la musique et qui vaut à Grace Bumbry le surnom de « Vénus noire ».
Lotte Lehmann ; © DR
Grace Bumbry est née le 4 janvier 1937 à Saint-Louis, dans le Missouri. En 1955, elle quitte sa ville natale pour la Californie où elle va perfectionner son art du chant auprès de la grande soprano d’origine allemande Lotte Lehmann (1888-1976), créatrice de plusieurs ouvrages de Richard Strauss. Cette dernière estime que la jeune Grace est une « mezzo » et non une soprano comme on le lui a dit jusqu’alors. Au bout de quatre ans, Grace Bumbry décide de tenter sa chance en Europe car les Etats-Unis ne lui offrent pas assez de possibilités pour démarrer sa carrière. Elle est engagée dans la troupe de l’Opéra de Bâle mais c’est à l’Opéra de Paris, qu’elle connaît son premier triomphe en 1960 : elle est Amneris dans Aïda de Verdi. L’année suivante, c’est la fameuse Vénus de Tannhaüser qui la voit triompher à Bayreuth : le succès y sera tel que la « Vénus noire » retrouvera le Festspielhaus en 1962.
La carrière de Grace Bumbry suit désormais une ascension des plus rapides. Partout on acclame sa voix aux reflets sombres soudainement éclairés d’aigus percutants ; on admire sa prestance scénique et la force de ses interprétations qui subjuguent le public comme en témoigne encore aujourd’hui l’enregistrement filmé de la Carmen que lui a confié Herbert von Karajan à Salzbourg en 1966. Toutes les scènes les plus prestigieuses d’Europe l’accueillent principalement dans les grands Verdi mais aussi en Dalila dans Samson et Dalila de Saint-Saëns. En 1965, on la retrouve au Metropolitan Opera de New-York où elle est Eboli dans Don Carlo de Verdi. Parallèlement à ses prestations scéniques, la chanteuse enregistre de nombreuses intégrales pour différentes firmes. A partir des années 1970, Grace Bumbry diversifie son répertoire n’hésitant pas à aborder des rôles de soprano dramatique comme la princesse Turandot de Puccini.
Marian Anderson ; © DR
En 1982, pour fêter les quatre-vingts ans de Marian Anderson, un producteur a l’idée de réunir à Carnegie Hall Grace Bumbry et sa « rivale » Shirley Verret. Les deux divas noires entretiennent des rapports un peu houleux que leur entourage et leur public respectifs s’ingénient à compliquer. Pourtant, le concert est un véritable succès et il sera repris dans plusieurs grandes villes comme Los Angeles ou Londres.
En 1997, Grace Bumbry annonce qu’elle fait ses adieux à la scène après une dernière prise de rôle : pour son ultime apparition sur une scène d’opéra, elle sera Klytemnestre dans Elektra de Richard Strauss, à Lyon, au Théâtre Antique de Fourvière. La chanteuse donne ensuite quelques récitals tout en se consacrant à l’enseignement, mais en 2010, le directeur du Châtelet, Jean-Luc Choplin, lui propose d’être Monisha dans Treemonisha de Scott Joplin et, à soixante-treize ans, Grace Bumbry subjugue à nouveau le public. Elle récidivera avec des emplois de mezzo-contralto comme la Comtesse de La Dame de pique de Tchaïkovski, en 2013, au Staatsoper de Vienne. En 2015, on pouvait toujours l’applaudir en concert, preuve s’il en fallait que son dynamisme est aussi inépuisable que son talent.
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