Julie Fuchs : prise de rôle de Partenope pour des débuts américains

Xl_julie-fuchs-partenope-2024 © Gerard Uferas / Julie Fuchs

Julie Fuchs confesse un « amour inconditionnel » pour la musique de Haendel, qu’elle interprète depuis le tout début de sa carrière. Dans quelques jours, elle ajoutera une nouvelle héroïne du compositeur à son répertoire, Partenope, à l’occasion de ses débuts américains à l’Opéra de San Francisco. 

Julie Fuchs se produit aujourd’hui sur les plus grandes scènes européennes, mais la soprano prépare maintenant une nouvelle étape de sa carrière : elle franchit l’Atlantique pour faire ses débuts aux Etats-Unis, sur la scène de l’Opéra de San Francisco. Pour faire bonne mesure, ses débuts américains s’accompagnent d’une prise de rôle : ce sera là l’occasion pour la soprano de chanter le rôle-titre de Partenope, de Georg Friedrich Haendel, pour la première fois sur scène.

On le sait, avec Mozart, le répertoire de Haendel est cher au cœur de la soprano. Le compositeur saxon, pour qui elle confesse un « amour inconditionnel », l’accompagne depuis le début de sa carrière, que ce soit dans le rôle de Morgana d'Alcina ou le rôle-titre d’Acis and Galataea au Festival d’Aix-en-Provence, et il est toujours présent aujourd’hui dans son répertoire. En début d’année dernière, elle chantait sa première Cléopâtre dans Giulio Cesare in Egitto, dans une nouvelle production de Calixto Bieito au Dutch National Opera d’Amsterdam (la production sera reprise, de nouveau avec Julie Fuchs, au Gran Teatre del Liceu de Barcelone en mai et juin de l’année prochaine), et dans quelques jours, la soprano ajoutera donc une nouvelle héroïne de Haendel à son répertoire avec Partenope.

Des interprètes virtuoses ayant de solides aptitudes à la comédie

L’ouvrage n’est sans doute pas l’opéra de Haendel le plus fréquemment donné sur scène, peut-être du fait de son livret alambiqué – un marivaudage autour de la reine de Naples, Partenope, amante d’Arsace (que la jeune Rosmira souhaiterait néanmoins reconquérir après avoir été abandonnée), mais qui est aussi aimée en secret par Armindo, ainsi que par Emilio qui se révèle prêt à mobiliser ses armées pour conquérir Naples et sa reine. L’amour de et pour Partenope donnera lieu à des intrigues et des stratagèmes (à grand renfort de déguisements) sur fond de guerre épique et de (double) duel – le livret de Partenope est détaillé dans notre Encyclopéra. L’ouvrage est surtout prétexte au déploiement d’une partition haute en couleurs, multipliant les moments de bravoure, les trios voire quatuors, tantôt drôles, tantôt émouvants. Et Partenope est tout aussi notable pour sa distribution articulée autour de ces deux rôles féminins, Partenope et Rosmira, des femmes à la fois fortes, piquantes et intrépides – dévolues à des interprètes virtuoses mais ayant aussi de solides aptitudes à la comédie. Un rôle sur mesure pour Julie Fuchs, en somme.

À l’Opéra de San Francisco, l’ouvrage est repris dans la production de Christopher Alden – créée à Londres en 2008 et reprise plusieurs fois depuis, notamment sur la scène de l’English National Opera, à Sydney ou Madrid. Le metteur en scène transpose ici l’ouvrage dans les années 1920, et les personnages de l’opéra y apparaissent sous les traits d’artistes évoquant les grandes figures du mouvement Surréaliste, de Man Ray à Lee Miller ou André Breton. Si la production met les interprètes à rude épreuve (ils doivent parfois chanter leurs airs les plus redoutables allongés par terre ou suspendus à un escalier), la mise en scène est astucieuse puisque les guerres et affrontements du livret deviennent ici des joutes verbales et duels d’esprit, comme pour mieux souligner l’adorable « guerre en dentelles » imaginée par Haendel.

À San Francisco, Julie Fuchs dans le rôle-titre partagera notamment la scène avec Daniela Mack dans le rôle de Rosmira, aux côtés de leurs soupirants Carlo Vistoli (Arsace) qui fait aussi ses débuts aux Etats-Unis, Nicholas Tamagna (Armindo) et Alek Shrader (Emilio), tous accompagnés par le grand spécialiste de la musique baroque Christopher Moulds. La production est donnée du 15 au 28 juin prochains à l'Opéra de San Francisco.

publié le 30 mai 2024 à 12h11 par Aurelien Pfeffer

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